SoftBank entrera bien au capital d’Uber.
Les conditions que le conglomérat internet-télécoms japonais avait formellement posées le mois dernier ont été satisfaites.
Le voilà parti pour prendre une participation d’environ 15 % dans la firme américaine, par le biais d’une opération de financement à deux tranches.
L’une d’entre elles consiste en une augmentation de capital, à hauteur de 1,25 milliard de dollars, dans le cadre d’une extension du tour de table de 3,5 milliards bouclé l’an dernier.
Effectué sur la base de la valorisation communiquée à l’époque (près de 70 milliards de dollars), cet investissement était conditionné par la bonne réalisation de l’autre composante : le rachat d’actions existantes.
Dans cette optique, SoftBank s’est associé à trois fonds d’investissement (Dragoneer, TPG, Sequoia Capital) et au groupe chinois Tencent, qui, à eux quatre, récupéreraient environ 3 % du capital d’Uber.
Quels actionnaires ont accepté de vendre ? Rien d’officiel pour l’heure, mais SoftBank avait mentionné, avant le lancement de l’offre sur le Nasdaq Private Market*, l’intérêt manifesté par Menlo Ventures… et par Benchmark Capital, prêt à retirer par la même occasion sa plainte déposée au cours de l’été contre Uber et son ancien CEO Travis Kalanick.
L’intéressé – écarté au mois de juin – a été assigné pour fraude, rupture de contrat et manquement à obligation fiduciaire.
Benchmark Capital lui reproche plus particulièrement d’avoir nommé, comme l’y autorisait un vote de juin 2016 auquel le fonds avait souscrit, deux membres au conseil d’administration, sans aucune consultation.
L’accord avec SoftBank inclut une clause qui doit mettre un terme à ce régime : Travis Kalanick garde le droit de nommer des administrateurs, mais devra dans tous les cas soumettre ses décisions au board.
La gouvernance évolue plus largement, dans une logique de limitation du pouvoir des actionnaires historiques : le board passe de 11 à 17 sièges, dont deux pour SoftBank, qui en a réservé un à Rajeev Misra, directeur de son méga-fonds de près de 100 milliards de dollars.
En tenant compte du prix unitaire communiqué le mois dernier (32,96 dollars), le rachat de participations valorise Uber à 48 milliards de dollars, soit une décote de près de 30 %.
On peut y voir le reflet des incertitudes dont Dara Khosrowshahi lui-même fait part. L’ancien CEO d’Expedia, qui a pris la suite de Travis Kalanick, n’est pas certain qu’Uber aura atteint la rentabilité en 2019, horizon visé pour une introduction en Bourse.
La firme californienne aurait perdu au moins 2,8 milliards de dollars en 2016 et presque autant en l’espace de six mois cette année.
* Offre lancée pour 20 jours ouvrés et réservée aux détenteurs d’au moins 10 000 actions, à la condition qu’ils possèdent un patrimoine d’au moins 1 million de dollars ou que leur rémunération annuelle dépasse les 200 000 dollars.
Crédit photo : Charles Siritho via Visualhunt / CC BY-NC-SA
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