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Categories: Mobilité

Sun se lance dans une guerre des prix

Réputé pour ses innovations technologiques, Sun Microsystems pratique désormais la rhétorique du mieux-disant. C’est ce qui ressort du salon SunNetwork, qui se tient actuellement à San Francisco. Il a été l’occasion d’annoncer l’aboutissement de deux projets attendus de longue date, censés relancer son activité d’éditeur de logiciels. Le premier, connu sous le nom de code Orion (voir édition du 27 février 2003), consiste à intégrer en un tout cohérent, facile à installer, l’ensemble de ses logiciels d’infrastructure : serveurs d’applications, portails, annuaires de messagerie… Au total, ce sont une douzaine de produits qui ont été ainsi assemblés en une suite finalement baptisée Java Enterprise Systems. Mais c’est surtout au niveau du mode de tarification que Sun innove, en facturant la suite au prix de 100 dollars par an et par employé (et non par utilisateur). Ce prix comprend non seulement le coût des licences mais également les prestations de maintenance, de support, de formation et d’installation du produit. C’est évidemment un prix très agressif qui rehausse l’attractivité des logiciels d’infrastructure de Sun Microsystems par rapport à ceux des leaders de ce marché que sont BEA Systems ou IBM. Sun met également en avant le gain de simplicité que son modèle économique apporte aux entreprises, comparé aux approches traditionnelles de la facturation des logiciels, lesquelles se basent le plus souvent sur le nombre de processeurs. Reste à savoir quel est le poids de l’argument économique dans la décision d’une entreprise d’acquérir des logiciels d’infrastructure. N’est-ce pas plutôt l’excellence technique qui est privilégiée ? Il sera intéressant d’observer dans les prochains trimestres l’évolution de la part de marché des logiciels d’infrastructure de Sun, à moins que la principale conséquence de son initiative ne soit d’amener BEA, IBM ou Oracle à réformer leur propre politique de licence.

La névrose anti-MicrosoftL’autre grande annonce a trait au projet dit Mad Hatter de suite bureautique alternative à celle de Microsoft (voir édition du 29 juillet 2003). Elle est désormais disponible sous le nom de Java Desktop Systems au prix de 50 dollars par an et par utilisateur. Une nouvelle fois, Sun a martelé son credo vis-à-vis de Linux, à savoir que sa place est avant tout sur les PC de bureau et non sur les serveurs. Java Desktop Systems est bâti autour de StarOffice, suite rachetée il y a quelques années à un éditeur allemand ; elle a été complétée de divers applicatifs Open source. Le succès de Java Desktop Systems est évidemment suspendu à la signature de contrats de type OEM avec les grands fournisseurs de PC tels Dell ou HP. Or, si des négociations sont en cours, aucun accord n’a été rendu public pour le moment. L’ambition de Sun Microsystems est de capter 5 à 6 % du marché de la bureautique d’ici un an. Est-ce un objectif raisonnable ? Pas évident, car si la disponibilité d’une alternative crédible à Office est évidemment une bonne nouvelle, il n’est pas sûr que les entreprises l’adoptent massivement. Car quel que soit leur agacement vis-à-vis de la politique tarifaire de Microsoft, elles savent pertinemment que le coût de leur bureautique ne se réduit pas au prix facial des licences. Aussi une migration vers Java Desktop Systems pourra-t-elle se révéler dans bien des cas plus coûteuse pour une entreprise qu’une simple mise à jour Office, notamment parce que les coûts de formation des utilisateurs sont plus élevés. C’est à se demander si Sun n’est pas une nouvelle fois victime de sa « névrose » anti-Microsoft… L’autre névrose de Sun Microsystems, qui a consisté à longtemps dénier le fait que ce sont les serveurs d’entrée de gamme destinés notamment au mid-market qui stimulent la croissance du marché, est en voie de guérison. Sun tente désormais activement de prendre pied sur ce segment, et c’est également en pratiquant une politique de prix très agressive qu’il compte gagner des parts de marché. Lors de SunNetwork ont ainsi été présentés de nouveaux matériels dotés de ses processeurs UltraSparc avec une station de travail à 3 000 euros, un serveur biprocesseur (Sun Fire V250) à partir de 3 000 euros et un serveur multiprocesseur (Sun Fire V440) proposé à partir de 10 000 euros.

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