La rivalité entre Uber et Didi s’étendra bientôt à la France.
La confrontation ne sera pas directe. Le premier aura en l’occurrence affaire à une start-up d’origine estonienne à laquelle le second a apporté son soutien financier : Taxify.
Cette dernière n’a pas encore communiqué de date exacte pour le lancement de son application dans l’Hexagone. Une porte-parole a toutefois, en réponse aux « sources concordantes » qui indiquaient aux Échos le 30 septembre comme ultime échéance, évoqué un démarrage « d’ici à [sic] un mois ».
Taxify, dont l’effectif avoisine les 150 collaborateurs, est aujourd’hui présent dans une vingtaine de pays entre l’Europe et l’Afrique… avec une exception au Mexique.
Son développement en Europe de l’Ouest avait véritablement débuté le 4 septembre 2017 avec l’ouverture officielle de la plate-forme à Londres.
La société a misé sur des tarifs agressifs* (près de deux fois moins élevés que ceux d’Uber), mais après à peine trois jours, elle a dû suspendre son activité, sur plainte de Transport for London.
L’organisme public responsable des transports en commun de la ville estime que Taxify n’exerce pas dans les règles, faute d’une licence adéquate. La start-up, elle, prétend proposer ses services par l’intermédiaire de City Drive Service, fournisseur local qui « a déjà sa licence ».
D’autres obstacles réglementaires conditionneront l’arrivée en France. La foire aux questions à l’adresse des chauffeurs en témoigne. Elle leur rappelle notamment que la détention de la carte VTC sera obligatoire à compter du 1er janvier 2018 dans les villes de plus de 100 000 habitants, en application des dispositions de la loi Grandguillaume.
La FAQ permet aussi d’entrevoir que l’offre comprendra a minima trois formules. Elle pose par ailleurs les critères auxquels devront satisfaire les véhicules : gabarit d’au moins 4,5 x 1,7 m, puissance minimale de 115 ch, ancienneté inférieure à 7 ans, etc.
Dans les conditions d’utilisation à l’adresse des chauffeurs comme dans celles destinées aux clients finaux, Taxify affirme ne pas fournir un service de transport, mais une « place de marché digitale » qui permet à des fournisseurs dudit service de « recevoir des demandes de personnes intéressées ».
En juin dernier, le CEO Markus Villig confiait viser, d’ici à la fin de l’année, la place de numéro un dans une dizaine de pays. Le dirigeant revendiquait 2,5 millions de passagers actifs, pour « des dizaines de millions d’euros » de volume d’affaires mensuel.
Avec Taxify en Europe, Didi reproduit une démarche déjà mise en œuvre en Inde avec Ola ou encore aux États-Unis avec Lyft : venir concurrencer indirectement Uber… et nouer, à terme, des partenariats avec les sociétés concernées.
Le groupe chinois dispose d’une marge financière confortable au regard des 5,5 milliards de dollars qu’il a levés cette année – et d’un autre tour de table annoncé à la mi-2016, pour 4,5 milliards.
* Côté conducteurs, Taxify retiendra, à Paris, une commission de 15 % sur chaque trajet ; à comparer aux 25 % que prélève Uber.
Crédit photo : Taxify
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