En dépit d’une pression croissante des autorités judiciaires, les sites de streaming et de téléchargement illégal restent une place forte du Web français.
Le Figaro estime à plus de 10 millions de visiteurs uniques l’audience cumulée réalisée en mai 2015 par les 15 principales plates-formes entrant dans cette catégorie. Une fréquentation stable sur deux ans… qui ne se traduit pas pour autant par une désaffection des réseaux P2P, sur lesquels 4 millions d’internautes échangent encore des fichiers en France.
Que ce soit pour le streaming ou le téléchargement direct, les sites n’hébergent généralement pas les contenus. Ils redirigent vers des services de stockage en ligne de type Uptobox, Rapidgator, TurboBit et 1fichier.com.
C’est le cas de Zone Téléchargement, lancé à l’été 2011, hébergé aux Bahamas et qui fait aujourd’hui office de locomotive dans l’Hexagone. Ses 3,5 millions de visiteurs uniques enregistrés en mai ont eu accès à des films, des séries, des jeux, de la musique, des mangas et diverses vidéos (sport, concerts, spectacles, documentaires, émissions TV).
Du côté des ayants droit, on admet à demi-mot qu’il existe un « réservoir » d’internautes français qui « trouveront toujours le moyen » de pirater des oeuvres. Ce malgré les garanties obtenues fin 2013 auprès de la justice.
Après deux d’une procédure lancée à l’appel d’organisations professionnelles du cinéma et de la vidéo, le tribunal de grande instance de Paris avait ordonné le déréférencement, dans les moteurs de recherche, de 16 services Internet axés sur le streaming vidéo : Allomovies, AlloShare, AlloshowTV, Dpstream, Fifostream…
Il avait également été demandé aux principaux FAI français de « mettre en oeuvre et/ou faire mettre en oeuvre […] toutes mesures propres à empêcher, à partir du territoire français […], l’accès [aux sites concernés] par tout moyen efficace et notamment par le blocage ». Des annuaires de fichiers Torrent tel The Pirate Bay étaient aussi concernés.
Dans la lignée de cette décision, les ayants droit ont accentué la pression, appelant à un blocage plus rapide des plates-formes illégales et à un retrait systématique des résultats de recherche. La justice n’a pas validé ce dernier point, si bien que les principaux exploitants (Google, Microsoft, Yahoo) sont restés sourds aux récents appels de l’industrie.
Bien que ses prérogatives ne s’étendent pas au streaming illégal (le gouvernement de François Fillon sous le mandat de Nicolas Sarkozy l’avait envisagé, mais l’initiative a été remise en cause avec le changement de majorité politique), la Hadopi s’intéresse à la question.
Début 2013, l’autorité administrative indépendante chargée de la lutte contre le piratage des oeuvres numériques avait dressé, dans un rapport, plusieurs préconisations d’ordre général pour combattre cet usage décrit comme « le fait d’opérateurs professionnels fournissant un ensemble de services complémentaires qui facilitent et incitent à grande échelle à la contrefaçon de droits d’auteur pour en tirer profit ».
Principale piste : encourager l’autorégulation en responsabilisant l’ensemble des maillons de la chaîne, aussi bien les moteurs que les hébergeurs, les régies publicitaires et les fournisseurs de moyens de paiement.
La Hadopi a donné un nouveau coup de collier fin 2014, mais sans annoncer d’évolution législative. En attendant, les condamnations se succèdent. La dernière en date a été rendue ce 2 juillet contre Dimitri Mader.
En fuite, le concepteur et administrateur de Wawa-Mania a été condamné, par contumace, à verser 15,6 millions de dollars de dommages-intérêts aux 7 studios américains et 2 syndicats professionnels qui le poursuivaient dans une affaire de piratage. L’intéressé peut faire appel de ce verdict ainsi que des 12 mois de prison ferme dont il avait écopé au mois d’avril.
Crédit photo : cunaplus – Shutterstock.com
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