Téléchargements : les studios américains sondent les internautes
Soucieuse du nombre croissant de films téléchargés sur Internet, l’association représentant les studios hollywoodiens a mené une étude sur le comportement des internautes cinéphiles. Et tente d’en tirer les leçons.
Trois milliards de dollars par an. C’est le manque à gagner, estimé par la Motion Pictures Association of America (MPAA), qui résulterait des échanges de films sur les réseaux de peer-to-peer (P2P). Pour stopper cette hémorragie, l’association chargée de veiller sur les intérêts des grands studios de cinéma américains a souhaité en savoir un peu plus sur les motivations de ces cinéphiles d’un nouveau genre. Elle a donc commandé une enquête portant sur 3 600 internautes issus de huit pays (Australie, France, Allemagne, Italie, Japon, Corée du Sud, Grande-Bretagne et Etats-Unis), tous fréquentant assidûment les salles de cinéma et possédant une liaison Internet haut débit à domicile.
Des dommages collatéraux
D’après les résultats de l’enquête, 24 % de ces utilisateurs d’Internet ont téléchargé un film au moins une fois (58 % en Corée), parmi lesquels 56 % ont l’intention de continuer leurs pratiques. Du coup, la plupart d’entre eux sont forcés d’avouer que, depuis qu’ils téléchargent, leur fréquentation des salles de cinéma a diminué. L’impact est encore plus flagrant sur les ventes de DVD : 26 % admettent qu’ils en achètent moins que par le passé (19 % en France et 52 % en Corée). L’étude souligne également que 21 % des téléchargeurs n’ont aucun scrupule à pirater un film avant sa sortie en salles, environ 50 % considèrent cette pratique acceptable lorsque le film est sur les écrans et « une grande majorité » la trouve justifiée dès lors que l’oeuvre existe en DVD.
La MPAA s’est également intéressée aux internautes qui déclarent ne pas pirater de films. Pour expliquer leur attitude, ces bons élèves mettent en avant le caractère illégal de ce type de pratiques et les temps de téléchargement trop longs. Ils citent également la mauvaise qualité des films (généralement au format compressé DivX), le fait qu’ils préfèrent posséder le DVD avec le boîtier, qu’ils aiment aller au cinéma et enfin – argument un peu moins noble – qu’ils ne savent pas comment trouver des films sur Internet !
Entre éducation et répression
Conclusions de la MPAA : pour contrer le piratage, il faudra à l’avenir informer les utilisateurs du caractère illégal des téléchargements de films sur des réseaux peer-to-peer et proposer des alternatives légales pour ce type de service très populaire (verra-t-on bientôt apparaître un iTunes Movie Store ?). Dans le compte-rendu de cette étude, à aucun moment l’association professionnelle n’évoque d’éventuelles mesures répressives, comme celles prises par son homologue de l’industrie du disque, la Recording Industry Association of America (RIAA). Pourtant, la menace plane. Dan Glickman, le tout nouveau président de la MPAA, déclarait il y a quelques jours à Reuters : « Je pense qu’il existe diverses stratégies à adopter pour lutter contre le piratage. L’éducation des utilisateurs en est une, les mesures coercitives en sont une autre. Et je ne crois pas qu’on puisse se contenter d’une seule. »