« Plus que des discussions, pas vraiment des négociations. » Un observateur aguerri du monde des télécoms, souhaitant rester anonyme, commente les mouvements autour de Bouygues Telecom. Après la saga SFR qui a abouti à un rapprochement avec Numericable, la filiale télécoms du groupe Bouygues attire toute l’attention.
Orange ne cache pas son intérêt pour une reprise de l’opérateur avec la possibilité de mettre dans la boucle le groupe Iliad-Free qui pourrait se montrer séduit par l’idée de s’emparer du réseau mobile et rendre Free Mobile plus consistant.
Sur ce schéma, tout le monde semble y gagner : Martin Bouygues s’en sortirait la tête haute en vendant convenablement les activités de Bouygues Telecom et en prenant une participation dans Orange. Orange participe à la consolidation du secteur, ce qui satisfait ses actionnaires et surtout son actionnaire étatique (27% du capital) qui ne rêve que d’emplois et d’investissements dans les réseaux. Tandis qu’Iliad-Free pourrait accélérer le déploiement de son réseau et récupérer au passage des licences mobiles (si tenté que ce type d’actifs soit cessibles).
« On assiste à une multitude de réunions bilatérales », explique notre observateur. « Ils sont sur le dossier jours et nuits. » Mandatées par Orange, des banques d’affaires Credit Suisse et Lazard étudient sous toutes les coutures ce scénario de rapprochement avec Bouygues Telecom qui aurait l’avantage de plaire aux autorités de régulation. Surtout à l’Autorité de la concurrence. Mais « les discussions [menées successivement avec Iliad-Free et Orange, ndlr] n’ont pas abouti », a déclaré Olivier Roussat, P-DG de Bouygues Telecom, dans la journée du 11 juin.
Plus tard (13 juin), lors du forum télécoms des Echos, Pierre Louette, Directeur général adjoint du groupe Orange, déclare selon l’AFP : « Il n’y a pas d’accord entre les parties aujourd’hui. Les discussions n’ont pas abouties. Il n’y a pas de montages d’accord pour réparer le marché maintenant. » Tout en assurant qu’Orange « explorait de toute façon toutes les possibilités depuis des semaines ».
Et comment financer cette acquisition ? En cash ou en titres…La deuxième option serait plus crédible au regard de la volonté d’Orange de réduire son niveau d’endettement groupe.
Le 11 juin justement, l’annonce d’un plan de sauvegarde de l’emploi chez Bouygues Telecom (1516 emplois visés) constitue une secousse. La série noire continue ? Officiellement, l’opérateur prévoit un plan de départs volontaires et de reclassements internes qui sera mis en place du 15 novembre 2014 au 15 janvier 2015. Il sera suivi d’un plan de sauvegarde de l’emploi jusqu’au 15 mars 2015. Les services informatiques et marketing de Bouygues Telecom seront affectés en premier lieu.
Avec cette semaine marquante, Olivier Roussat a cherché à rassurer ces 13 millions de clients dans un message d’apaisement : « Suite aux changements profonds de l’ensemble du marché des télécoms en France, nous avons décidé de nous réorganiser en profondeur pour mieux vous satisfaire et continuer à vous donner toutes les raisons de nous faire confiance. »
Pendant ce temps, la guerre des prix se poursuit sur le mobile et maintenant elle s’étend sur le fixe. En lançant une offensive commerciale sur le triple play, Bouygues Telecom attaque frontalement ce qui a fait le succès de Free et le standard de prix qui était fixé (Free Revolution à 29,99 euros par mois). En redescendant à un palier légèrement en dessous de 20 euros, Bouygues Telecom veut marquer les esprits.
Doté d’une capacité de communication non négligeable en s’appuyant sur le groupe TF1 (propriété du groupe Bouygues), l’opérateur peut compter sur une caisse de résonance non négligeable pour toucher les foyers français. Et la guerre tarifaire semble marcher : sur le premier trimestre 2014, Bouygues Telecom aurait récupéré 100 000 abonnements dans le fixe avec cette nouvelle offre au rabais.
Une véritable politique de terre grillée avec une « horde de barbares » sous l’étendard Bouygues Telecom ? Les marges des opérateurs en prennent un coup à ce niveau de prix pratiqués. Insoutenable à moyen terme. L’investissement sur les réseaux va en pâtir. Même si Bouygues Telecom assure que les secousses actuelles n’affecteront pas cette ligne budgétaire (500 millions d’euros par an)
Concurrence, tarifs, pouvoirs publics…La pression s’accentue à tous les niveaux dans une guerre qui semble totale entre opérateurs. C’est pour cette raison que la situation devrait évoluer rapidement. On peut s’attendre à un été avec des fortes chaleurs dans le ciel des télécoms.
Pour alléger le fardeau, le gouvernement pourrait privilégier le rapprochement entre Orange et Bouygues Telecom (avec l’option Free pour le délestage de son réseau mobile). Dans l’optique d’une absorption Orange – Bouygues Telecom, on peut imaginer que le plan de sauvegarde de ce dernier serait revu à la baisse voire tout simplement disparaître pour emporter encore un peu plus l’adhésion du gouvernement.
Structurellement, la jonction des ressources humaines entre les deux opérateurs a du sens : la pyramide des âges des collaborateurs de Bouygues Telecom (plus jeune) collerait bien aux attentes de celle d’Orange (plus senior). « 1516 emplois visés chez Bouygues Telecom, c’est le nombre équivalent de trois mois de départs en retraite chez Orange », fait valoir notre correspondant.
En filigrane, est-ce le message qu’Arnaud Montebourg a laissé entendre au forum télécoms des Echos ? Le ministre de l’Economie appelle les acteurs « à trouver d’autres solutions que les plans sociaux » et à « économiser la destruction de 1500 emplois ». De là à s’aligner sur la position du syndicat CFE-CGE Telecoms qui a interpellé à la mi-mai le Premier ministre Manuel Valls dans une lettre ouverte : « Rapprocher Bouygues et Orange permettrait non seulement de sauver les emplois immédiatement menacés chez Bouygues Telecom, mais aurait également du sens en termes de synergie industrielle. »
Il reste une grosse inconnue dans l’équation. Déjà attelé à l’intégration de SFR et Virgin Mobile, Numericable ne compte pas se lancer à l’assaut de la forteresse Bouygues Telecoms. Mais que se passerait-il si le groupe Iliad-Free visait Bouygues Telecom dans sa globalité ? Dans ce cas, la bataille serait plus violente et il faudrait y mettre le prix au regard des relations houleuses entre Xavier Niel et Martin Bouygues.
Selon une dépêche Bloomberg du 10 juin, le groupe Iliad-Free aurait proposé de manière informelle de mettre sur la table entre 3 et 4 milliards d’euros pour Bouygues Telecom. Mais le groupe Bouygues refuserait de discuter en dessous de 7 à 8 milliards d’euros. Avec la fourchette de prix qui aurait été inspiré par Iliad (3 et 4 milliards d’euros), c’est le réseau mobile de Bouygues qui est susceptible d’être visé en priorité. Pas le groupe en entier.
Si Free montre ses dents et si Bouygues fait de la résistance, on oublierait le refrain sur le retour à la sérénité dans le secteur des télécoms, si cher à Arnaud Montebourg.
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