Télécoms européennes : le mariage du siècle ?

Régulations

Si Telecom Italia et Deutsche Telekom parviennent à s’entendre sur les termes d’une éventuelle alliance, l’Europe pourrait devenir le théâtre de la plus grosse fusion jamais réalisée dans le monde, toutes industries confondues.

Deutsche Telekom, l’homologue allemand de France Télécom, est actuellement en discussion avec l’opérateur italien Telecom Italia en vue d’une fusion de leurs activités.

Si elle se réalise, la fusion sera la plus grosse de l’histoire, toutes industries confondues : la capitalisation sur le marché des deux géants atteindrait en effet les 200 milliards de dollars (1200 milliards de francs) ! Le précédent record est détenu par les magnats du pétrole Exxon et Mobil dont la fusion a été évaluée à 73,7 milliards de dollars (450 milliards de francs).

Toutefois, même s’ils s’entendent, les deux opérateurs devront convaincre leurs partenaires et les autorités de régulation. La fusion serait en effet soumise aux actionnaires des deux sociétés et devrait recevoir l’approbation de la Commission Européenne et des gouvernements italiens et allemands. L’Etat fédéral allemand possède encore 74 % du capital du groupe de télécommunications Deutsche Telekom et il est obligé de conserver ses parts jusqu’à la fin de l’année. Le gouvernement italien a quant à lui 3,4 % du capital de Telecom Italia et possède un droit de veto lui permettant de s’opposer à une reprise par un groupe étranger.

En cas de fusion, Deutsche Telekom serait vraisemblablement obligé de revoir la nature de son partenariat avec France Télécom dans le cadre de la joint venture Global One à laquelle participe aussi l’américain Sprint (voir édition du 17 septembre et du 16 octobre 1998).

Sur le plan de l’emploi, plusieurs milliers de licenciements pourraient avoir lieu en cas de fusion. A eux deux, les opérateurs emploient actuellement 350000 personnes et Olivetti a déjà indiqué qu’il licencierait alors 13000 personnes. Deutsche Telekom est quant à lui engagé dans un plan de réduction de ses effectifs démarré en 1995 qui prévoit la suppression de 60000 emplois d’ici l’an 2000.

Dans des communiqués de presse quasi identiques, les deux opérateurs ont déclaré qu’ils examinaient « un possible partenariat industriel, dont les modalités sont toujours à l’étude ».

Vendredi, des journaux allemands avaient rapporté que Ron Sommer, l’actuel Pdg de Deutsche Telekom, et Franco Bernabe, le patron de Telecom Italia, discutaient d’une éventuelle fusion. La Consob, la commission des opérations boursières italienne, a alors aussitôt ordonné à Telecom Italia de faire un communiqué officiel avant l’ouverture du marché ce lundi.

Une fusion avec Deutche Telekom serait providentielle pour l’opérateur italien qui est toujours en quête d’un « chevalier blanc » pour échapper à une OPA (offre publique d’achat) hostile du groupe privé italien Olivetti (voir édition du 25 février et du 1er mars 1999).

Pour en savoir plus :

* http://www.dtag.de/english (US).

* http://www.telecomitalia.it (IT).