Téléphonie mobile : Iliad cherche une porte d’entrée en Italie
Le groupe Iliad de Xavier Niel voudrait entrer sur le marché de la téléphonie mobile en Italie en surfant sur une fusion potentielle entre Wind (Hutchison) et Wind (Vimpelcom).
Après avoir investi avec succès le marché de la téléphonie mobile en France avec Free Mobile, Iliad vise l’Italie. Des négociations exclusives ont démarré dans ce sens avec CK Hutchison Holdings (3 Italia) et Vimpelcom (Wind), qui avaient annoncé en août 2015 leur volonté de fusionner leurs activités de téléphonie mobile dans ce pays.
C’est le scénario esquissé par Bloomberg en début de semaine. Dans quelle mesure le groupe de Xavier Niel pourrait-il s’incruster au regard du chamboulement actuel sur ce marché ?
Le chemin est encore long : la Commission européenne doit donner son accord sur la fusion 3 Italia et Wind. Ce qui aboutirait à un retour à trois acteurs sur le marché de la téléphonie mobile en Italie. En Italie, la combinaison 3 + Wind (valorisée 24 milliards d’euros) permettrait de former un nouveau leader avec 31 millions de clients (soit 33,5 % de part de marché), juste devant Telecom Italia (30 millions de clients, 32,3 % de PDM) et Vodafone (24 millions de clients, 27% de PDM).
Une perspective peu reluisante aux yeux de Bruxelles qui tient à garder une certaine dynamique concurrentielle sur ce segment télécoms. Pour des raisons similaires, Margrethe Vestager, commissaire européenne chargée de la concurrence, a mis son véto en mai sur le rapprochement au Royaume-Uni entre O2 (Telefonica UK) et 3 (Hutchison 3G UK, groupe de Hong Kong contrôlé par Li Ka-shing qui détient aussi 3 Italia).
Le mois dernier, CK Hutchison Holdings aurait accepté des concessions avec la vente de services mobiles et d’équipements télécoms en Italie. Mais aussi des accords d’itinérance à sceller en vue de faire émerger un quatrième opérateur après la fusion 3 Italia + Wind.
Une configuration qui permettrait à un opérateur outsider comme Iliad d’entrer sur le marché mobile en Italie pour taquiner les opérateurs existants : TIM, Vodafone Italie et le duo 3 + Wind. Elle ne vous rappelle rien ? Le contexte pré-Free Mobile en France avec un marché tenu par le trio Orange – SFR – Bouygues Telecom.
Parmi les groupes français, le marché italien des télécoms suscitent des convoitises. Vivendi monte également en puissance dans le capital du leader Telecom Italia, au point d’en devenir le premier actionnaire (24,9%).
A titre individuel, Xavier Niel détient des options sur 15% du capital de l’opérateur leader dans la téléphonie fixe et mobile (sa branche TIM revendique 30 millions de clients). Une prise de position précieuse à négocier destinée à servir les intérêts du « trublion français des télécoms » le moment venu.
Mais la bataille demeure ouverte. Encore en mars, Orange se montrait ouvert à un rapprochement avec Telecom Italia…Dans une interview accordée à La Tribune, Stéphane Richard, P-DG du groupe télécoms, évoque le dossier Telecom Italia comme « un projet de Vivendi dans lequel nous n’avons pas notre place »…Tout en évoquant juste après « une forme d’intérêt réciproque à plutôt intensifier nos relations ».
(Crédit photo : Xavier Niel, archive NME)