Terrorisme : la biométrie et les fichiers pour renforcer la sécurité en Europe
La France et l’Allemagne veulent faire davantage appel au numérique pour renforcer la lutte contre le terrorisme.
PNR, authentification, partage des fichiers…Au-delà de la question sensible du chiffrement qui a secoué l’écosystème IT, d’autres mesures relatives au numérique et la lutte contre le terrorisme ont été annoncées hier.
A l’occasion d’une conférence de presse organisée à Paris avec son homologue allemand Thomas de Maizière, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a assuré que le « PNR français sera pleinement opérationnel d’ici la fin de l’année ». Il s’agit du Passenger Name Record du nom de ce fichier d’informations collectées auprès des passagers aériens au stade de la réservation commerciale.
Après cinq ans de tergiversation, il a finalement été adopté par le Parlement européen en avril dernier. Il faut maintenant le mettre en place dans les 28 pays membres de l’UE (incluant le Royaume-Uni malgré le récent Brexit).
La durée de conservation des données* a été fixée à 5 ans. « Le PNR sera un outil précieux pour renforcer la sécurité des citoyens européens en facilitant en amont le repérage des mouvements des terroristes djihadistes qui empruntent les transports aériens à la fois à travers l’Europe, mais aussi entre l’Europe et les autres régions du monde, pour les empêcher de passer à l’acte », soulignait le ministère de l’Intérieur lors du vote par le Parlement européen.
Autre disposition évoquée mardi matin au cours de la conférence commune Cazeneuve – de Maizière : la volonté de développer l’usage de de la biométrie pour endiguer l’usage frauduleux de passeports volés syriens et irakiens, notamment par Daech. « La biométrie est le seul moyen de réellement garantir l’identité d’une personne », assure le ministère de l’Intérieur.
Fichiers et interopérabilité
Bernard Cazeneuve a également évoqué le nécessaire partage systématique de l’information dans les fichiers européens exploités pour le renseignement et le maintien de l’ordre. Pour optimiser leur exploitation, le ministre évoque une « interopérabilité » des différents fichiers.
« Il est en effet impératif que nos policiers et gendarmes sur le terrain disposent d’une interface unique, interrogeant de manière simultanée tous les fichiers nationaux et européens, pour mener les vérifications nécessaires à notre sécurité. »
En l’état actuel, on est loin de l’harmonie des usages (ne serait-ce que pour alimenter les fichiers) et du partage des connaissances entre services de police et de renseignement. Mais, au regard de la situation alarmante au niveau de l’UE sur la question du terrorisme, les discussions progressent plus vite.
Il faudra notamment que la future « Agence européenne des garde-frontières et garde-côtes » dispose du « matériel adéquat » et des « dernières applications technologiques » pour faciliter le contrôle de toute personne entrant ou sortant de l’espace Schengen. Les agents concernés « devront dans ce cadre avoir accès aux fichiers nationaux et européens ».
On le voit, dans les multiples propositions, l’exploitation des fichiers, de bases de données et donc de systèmes d’information, est centrale. Ce sera encore le cas avec le projet ESTA avancé par la France et l’Allemagne : « un système électronique d’autorisation de voyage concernant les personnes non soumises à visa, avant qu’elles n’entrent sur le territoire européen ».
Les deux ministres ont également évoqué un projet pilote du nom d’ADEP relatif à une transmission automatisée des antécédents judiciaires entre services de police en lien avec 6 États membres (Finlande, Espagne, Hongrie, Irlande, France et Allemagne).
Dans son intervention, Bernard Cazeneuve a également évoqué la collaboration avec les groupes Internet (dont Twitter) pour lutter contre la propagande djihadiste et une révision du cadre télécoms en Europe pour que tous les opérateurs coopèrent sur la question des communications chiffrées dans le cadre d’enquêtes policières ou de procédures judiciaires.
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*Selon la CNIL, les données concernées par le PNR sont : itinéraire du déplacement, vols concernés, contact à terre du passager (numéro de téléphone au domicile, professionnel, etc.), tarifs accordés, état du paiement effectué, numéro de carte bancaire du passager, ainsi que les services demandés à bord tels que des préférences alimentaires spécifiques (végétarien, asiatique, cascher, etc.) ou des services liés à l’état de santé du passager.
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(Crédit photo : archive Itespresso.fr)