Thomson : « revue complète et approfondie » de ses activités et de ses comptes
Pour apurer ses dettes, le fournisseur français de solutions pour la diffusion vidéo numérique doit réviser son périmètre d’activité.
Thomson doit accentuer son virage stratégique vers les activités de création de contenus, fort de son portefeuille d’équipements et de solutions dédiées à la diffusion numérique. Mais le groupe français a révélé qu’il avait « engagé des discussions pour améliorer son bilan ».
Traduction : face à une situation financière désastreuse, il est nécessaire d’entamer « un processus de cession des activités » jugées non stratégique, mener un programme de réduction des coûts et optimiser les processus de gestion. Jeudi en mi-journée, le groupe n’a pas encore évoqué de plan de suppressions de postes. Mais cela semble inévitable.
A fin 2008, sa dette financière brute ressort à 2,9 milliards d’euros mais le groupe garde une trésorerie positive de 775 millions d’euros. Dans le cadre de la préparation de ses résultats annuels (leur publication est prévue le 10 mars prochain) , Thomson effectue « une revue complète et approfondie » de ses comptes, peut-on lire dans un communiqué financier.
Comment vont évoluer les activités de Thomson ? Le groupe va se recentrer sur les services aux créateurs de contenus (production, la post-production, distribution physique, dématérialisation). Il s’adresse en particulier au studios de cinéma et de télévision. Thomson a tissé des liens forts avec eux à travers la marque Technicolor. Il compte associer ses clients à la production de décodeurs et de gateways (passerelles d’accès).
« Un atout majeur pour soutenir les studios de cinéma et de télévision qui ont l’ambition de développer la distribution dématérialisée de leur contenu auprès du consommateur final », assure le groupe. Mais la concurrence est rude voire désespérante dans une période de ralentissement de l’économie.
« Opération vérité »
Quels seront les pôles sacrifiés ? Dans le communiqué de presse, on en recense deux : le processus de cession des activités non stratégiques concernerait Grass Valley (équipements de cinéma, caméras numériques) et Premier Retail Networks (régie publicitaire aux Etats-Unis). Des activités qui ont généré un milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2008.
« C’est une opération vérité pour le groupe, ses actionnaires, ses salariés et le marché », a déclaré Frédéric Rose, le directeur général du groupe, lors d’une conférence téléphonique que Reuters a suivie dans la nuit de mercredi à jeudi. Des annonces qui a plombé le titre de Thomson en Bourse. Sachant qu’en 2008, le titre avait perdu 90% de sa valeur.
Cette hécatombe financière et des problèmes de gouvernance avaient déjà entraîné le départ de son ex-PDG Frank Dangeard à la fin du premier trimestre 2008. Mais le groupe a perdu du temps pour trouver un successeur. Frédéric Rose n’a pris ses fonctions qu’en septembre 2008 mais il ne dispose pas de la même latitude de fonctions. Selon les rumeurs de marché, l’Etat français pourrait intégrer Thomson dans le cadre du Fonds stratégique souverain.