Tibco rachète le spécialiste du BPM Staffware
Confrontés à l’émergence de standards en matière d’intégration, les acteurs historiques de l’EAI sont amenés à reformuler leur proposition de valeur. De son côté, Tibco exploite le filon du BPM, rachetant le britannique Staffware.
Tibco, acteur historique de l’intégration applicative ou EAI (Enterprise application integration), a annoncé l’acquisition du britannique Staffware (voir édition du 12 février 2003), lequel intervient dans le domaine de la modélisation de processus métiers ou BPM (Business process management). La transaction, réalisée pour partie en numéraire et pour partie par échange d’actions, est évaluée à 217 millions de dollars. Commentant cette opération, les dirigeants des deux sociétés ont souligné la complémentarité de leurs offres respectives, Tibco couvrant les couches basses de l’intégration et Staffware, les couches supérieures. La complémentarité existe également au niveau de leur base installée ; Staffware compte ainsi de nombreuses références dans la banque, les assurances, les télécommunications, les administrations? Des secteurs où Tibco est peu présent. Enfin, la complémentarité est géographique, en particulier Tibco facilitera l’implantation de Staffware sur le marché américain. En résumé, ce rachat semble être une bonne affaire pour les deux éditeurs. Il s’inscrit plus généralement dans une logique de concentration qui affecte les domaines tant de l’EAI que du BPM. Rappelons en effet que le secteur de l’EAI est gagné depuis trois ans par un processus de standardisation ; il est à l’origine de l’apparition de produits d’un nouveau type, les ESB (Enterprise service bus), d’abord promus par des start-up.
Atteindre la taille critique
Ces nouveaux outils d’intégration ont, entre autres caractéristiques, celles d’être moins coûteux et plus aisés à déployer que les plates-formes propriétaires des Tibco et consorts. Cette situation a provoqué une réaction chez ces derniers, les amenant à se positionner eux-mêmes sur le marché de l’ESB (voir édition du 22 septembre 2003). Ils ont en outre renforcé leur offre dans des domaines créant plus de valeur que l’intégration stricto sensu, comme le BPM ou encore, dans le cas de Tibco, le BAM (business activity monitoring), c’est-à-dire le contrôle de la qualité d’exécution de processus métiers, domaine qu’il a abordé par le truchement de l’acquisition de la start-up Praja (voir édition du 25 mars 2003). Pour un « pure player » du BPM comme Staffware, l’enjeu principal de la fusion avec Tibco est d’atteindre la taille critique, d’intégrer ses produits dans une offre plus globale et ainsi de mieux affronter la concurrence de plus grands groupes. En France, deux start-up, elles aussi spécialistes du BPM, Akazi et W4, ont récemment fusionné, notamment dans le but de soutenir la comparaison avec Staffware. Mais à elles deux, elles ne pèsent que six millions d’euros, lorsque, ensemble, Tibco et Staffware ont un chiffre d’affaires de l’ordre de 340 millions de dollars.