Time Warner : le petit plus de Hulu face à Netflix ?
Time Warner acquiert, pour 583 millions de dollars, une participation de 10 % dans Hulu. Quels sont les tenants et aboutissants de cette opération ?
L’arrivée de Time Warner au capital de Hulu est moins fulgurante que ne l’avaient laissé supposer les rumeurs.
Le conglomérat américain, derrière lequel on retrouve notamment la chaîne premium HBO et le groupe audiovisuel Turner Broadcasting System, injecte 583 millions de dollars en échange d’une participation de 10 %.
Cet investissement* ne lui garantit pas de représentation au conseil d’administration.
Pour Jeffrey L. Bewkes, c’est entendu et assumé. Estimant qu’il ne « valait pas la peine de bouleverser la gouvernance », le CEO de Time Warner met l’accent sur les perspectives qui se présentent avec le lancement – prévu pour début 2017 – de la nouvelle offre de Hulu.
L’effet Boomerang ?
On ignore encore les modalités de commercialisation de cet abonnement qui sera fondé sur un mélange de direct et de différé issu de multiples partenariats avec des diffuseurs. Mais on sait désormais que Turner Broadcasting System sera dans la boucle avec l’ensemble de ses réseaux, dont la chaîne d’information en continu CNN, Cartoon Network et Boomerang pour les programmes jeunesse ou encore NBA TV pour la ligue américaine de basket-ball.
Ce partenariat, au même titre que l’entrée au capital de Hulu effective en date du 2 août 2016, est annoncé dans le document que Time Warner a communiqué à la Securities and Exchange Commission (gendarme des marchés financiers aux États-Unis) pour faire état de résultats trimestriels en demi-teinte, marqués par un léger recul du chiffre d’affaires.
Selon le New York Times, il aurait été question, comme on le suggérait déjà en fin d’année dernière, que Time Warner récupère 25 % du capital dans le cadre d’un montage avec 21st Century Fox, NBCUniversal et Disney. Détentrices de Hulu à parts égales, les trois sociétés auraient chacune cédé un tiers de leur participation.
Dans l’absolu, l’entrée en lice d’un quatrième actionnaire issu de l’industrie des médias audiovisuels va aider Hulu à accélérer dans sa stratégie lancée à la mi-2013. Alors en quête d’un repreneur, 21st Century Fox, NBCUniversal et Disney avaient remis 750 millions de dollars au port. Time Warner était en première ligne pour le rachat… tout comme Yahoo.
De gros morceaux
En toile de fond, la concurrence d’un Netflix qui a récemment franchi la barre de 80 millions d’abonnés à ses offres payantes. Et qui pointe son nez sur les réseaux télévisuels avec, depuis quelques mois, la diffusion de certaines de ses productions maison, comme les deux premiers épisodes de la série « Marseille » sur TF1.
Il faudra aussi compter avec Amazon, qui a annoncé, dans ses derniers résultats financiers, la production de nouvelles saisons pour « Transparent », « Mozart in the Jungle » et « The Man in the High Castle ». Ainsi que, pour cet automne, la sortie en salles de films comme « Manchester by the Sea », « The Handmaiden » et « Gleason ».
Time Warner ne s’en cache pas et cite les deux groupes aux côtés de Hulu dans son analyse sur l’évolution de la télévision.
Pour la firme de services financiers BTIG, que cite le New York Times, cet apport de 583 millions de dollars tombe à pic pour Hulu, dont les pertes se creusent, approchant du demi-milliard de dollars par an.
Pour mémoire, le modèle économique de la plate-forme est fondé sur deux abonnements qui incluent chacun le visionnage en HD et le multi-écran. Le ticket d’entrée est fixé à 7,99 dollars par mois, avec un peu de publicité. Pour la supprimer entièrement, il faut choisir la formule à 11,99 dollars par mois. L’offre gratuite financée intégralement par la publicité n’est plus d’actualité.
* L’opération valorise Hulu à 5,8 milliards de dollars, en dessous des estimations de J.P. Morgan. La banque d’affaires évoque « 7 à 8 milliards de dollars » d’ici à fin 2016, en admettant que la barre des 10 millions de souscripteurs soit atteinte à cette échéance. C’est officiellement le cas pour le moment.