Time Warner préfère AOL à EMI
Dans le monde impitoyable des fusions géantes, Time Warner et EMI ont décidé de prendre leur temps. Celui de sauver la fusion Time Warner/AOL ?
S’agit-il d’un tour de passe-passe pour sauver la fusion AOL / Time Warner ? C’est en tout cas ce qu’estiment certains au vu de l’arrêt, momentané déclare-t-on, du processus de fusion entre Time Warner et EMI. Depuis quelques semaines, la Commission européenne menait une enquête serrée sur le sujet, regardant notamment d’un mauvais oeil le potentiel abus de position dominante qui résulterait de l’immense catalogue musical détenu par le groupe ainsi formé. Elle devait rendre son avis entre le 18 et 24 octobre prochain.
Or, on s’en souvient, l’un des évènements majeurs de ce début d’année fut l’annonce du rapprochement entre AOL et Time Warner (voir édition du 10 janvier 2000). On peut même dire que le premier a avalé le second, pour former un énorme groupe « pesant » à l’époque quelque 350 milliards de dollars sur le marché boursier américain. Oui mais, l’autre fusion en cours (EMI/Time Warner) fait hésiter les autorités, tant américaines qu’européennes (voir édition du 25 août 2000). Le super-géant deviendrait alors tout-puissant dans le secteur de la distribution musicale par Internet. Trop puissant.
Selon l’agence Reuters, la décision de surseoir à la fusion a déclenché un « concert d’acclamations » parmi les patrons des concurrents directs d’EMI et Time Warner, dans le secteur musical. « Je suis très content que la fusion EMI/Time Warner soit stoppée », a notamment indiqué Jess Taylor, président de la National Association of Record Industry. « Imaginez que 90 % des copyrights sur la musique produite dans le monde soient réunis sous le même toit (…). Cela créerait un tel déséquilibre du marché que c’en est effrayant. » EMI et Time Warner ont toutefois clairement indiqué que ce n’était que partie remise.