Depuis des années, dès qu’on évoque la possible domination mondiale de son système, Linus Torvalds, le créateur de Linux, se met à rire et plaisante franchement sur la probabilité de la chose. Aujourd’hui, rattrapé par le succès, il ne rit plus, au contraire. Hier, devant la foule immense venue l’écouter au San Jose Convention Center, il est apparu bouleversé, presque au bord des larmes, surtout quand Larry Augustin, le président de VA Research, l’a présenté comme « le champion du monde libre ».
Dans une intervention chargée d’émotions, Torvalds a décrit la véritable passion qui avait enflammé la communauté des développeurs Linux. « Même quand la qualité était au rendez-vous, ils continuaient à améliorer le système parce qu’ils considéraient que c’était la chose la plus excitante qu’on pouvait faire sur un ordinateur », a-t-il expliqué.
Même si beaucoup d’ardents supporters du système ont dénoncé l’exploitation commerciale qui est faite par des éditeurs de distribution comme RedHat Software, Torvalds a tenu a remercier ces sociétés pour leur contribution au développement de Linux. « Ils gagnent de l’argent mais ils font énormément pour Linux »,a-t-il assuré. Il a ainsi expliqué que ces sociétés s’étaient notamment concentrées sur des points du logiciel qui étaient négligés par le noyau dur de la communauté de programmeurs Linux comme la facilité d’installation.
A la différence des autres intervenants du salon, Torvalds a évité de critiquer ouvertement Windows NT. Il a cependant insisté sur une différence fondamentale à ses yeux entre Linux et le système professionnel de Microsoft. Après avoir exalté les qualités intrinsèques de la version 2.2 du noyau Linux lancé en janvier dernier (voir édition du 27 janvier 1999), il a expliqué que malgré ces améliorations, les gens n’étaient pas obligés de procéder à une mise à jour pour profiter des dernières applications et que c’était cette philosophie qui devait à son sens prévaloir pour les systèmes d’exploitation.
Torvalds a rappelé que le nouveau noyau avait progressé dans de nombreux domaines et en particulier dans la gestion du multiprocessing (utilisation simultanée de plusieurs processeurs). Il a reconnu que le système devait encore être amélioré pour satisfaire les applications professionnelles les plus exigeantes (haute disponibilité, systèmes hautement scalables… ) mais il a affirmé que sa souplesse permettait de répondre à quasiment tous les besoins.
Torvalds a indiqué que la communauté des programmeurs allait travailler sur une version plus puissance (nombre d’utilisateurs supportés, tolérance de panne… ) mais aussi sur une version allégée pour les systèmes embarqués. Il a ajouté qu’il s’emploierait pour sa part à optimiser Linux pour les PC de bureau. Selon lui, « la domination mondiale (du système Linux) est toute proche. La plupart des utilisateurs achèteront leur système Linux auprès de sociétés comme Red Hat, et les autres utiliseront des versions optimisées pour des applications ou des appareils spécifiques comme par exemple les microcontrôleurs ».
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