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« Tout digital pour tous » : les piliers de la stratégie numérique de la SNCF

« Tout digital pour tous ». C’est le mot d’ordre de Guillaume Pépy, Président du groupe SNCF.

La compagnie ferroviaire vient de dévoiler sa nouvelle stratégie numérique associée à sa nouvelle organisation.

« Il s’agit de placer le digital dans le cœur de notre activité transporteur », commente le patron de la SNCF. « Le levier de la transformation numérique en entreprise va au-delà du e-commerce et de la relation client. »

« Il faut que nos dix millions de clients et 260 000 agents ressentent cette transformation numérique », estime Guillaume Pépy. Montant de l’investissement : 450 millions d’euros sur trois ans (hors Ventures).

Dans le nouvel organigramme, Yves Tyrode, ex-DG de Voyages-SNCF.com, a pris du grade pour superviser la stratégie numérique en qualité de Chief Digital Officer au sein de la SNCF.

Il devra coordonner les efforts de l’ensemble des DSI groupe en vue d’harmoniser les infrastructures, les technologies et les applications. « L’un de mes rôles, c’est d’être le community manager de la SNCF », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse Digital SNCF.

Dans ce cap vers le numérique, le groupe étudie sérieusement l’idée d’exploiter l’extension « .sncf ». « Nous discutons dans ce sens avec l’ICANN », a précisé Yves Tyrode, lors de la conférence de presse organisée ce matin à Paris.

On peut découper ce grand pavé numérique en plusieurs projets thématiques qui vont avancer en simultané :

Haut débit mobile dans les trains (Net.SNCF)

Nous l’avons abordé dans un focus précédent sur ITespresso.fr : priorité à la couverture réseau 4G puis accès Wi-Fi si besoin est.

Sur le site Internet de la SNCF, Frédéric Burtz, responsable de l’innovation à la direction digitale SNCF, précise : « Nous allons mesurer de manière régulière sur les lignes avec nos trains de maintenance la couverture des quatre opérateurs. D’abord nous souhaitons bien couvrir les réseaux 2G, 3G, 4G. Ensuite, nous aurons une couverture en complément en wifi dans les gares et les TGV. »

Tout en précisant plus loin dans sa contribution : « Le Wi-Fi dans le train démarrera mi-2016. La ligne Paris-Lyon sera équipée fin 2016. Pour la LGV-est et la ligne Paris-Bordeaux, mi-2017. Même chose pour Paris-Strasbourg. Cela dit, le dispositif sera testé et opéré de manière commerciale dès juin 2015. Il faut ensuite le temps d’équiper toutes les lignes. »

Gestion des données voyageurs : Flux.SNCF

Comment mieux analyser et structurer les données collectées en temps réel en vue d’un pilotage global ? Il s’agit de « disposer d’une meilleure connaissance des clients qui transitent dans les gares, ainsi que de leur parcours de porte à porte », estime Maguelonne Chandersis, de la direction Innovation & Recherche SNCF.

Pour quoi faire ? Proposer des services plus adaptés pour faciliter le parcours client (gestion des places de parking, positionnement des distributeurs…) mais aussi améliorer la lutte contre la fraude. « Les partenariats avec les modes de transport alternatifs, comme le covoiturage, les bus, les taxis seront aussi mieux ciblés », peut-on lire dans sa contribution sur le site de la SNCF.

Sous cet angle, la SNCF propose depuis fin janvier une nouvelle application unique pour le client, développée par l’agence Nurun.

Objectif principal : « Améliorer l’information voyageurs ». Ainsi, en enregistrant son train, le voyageur est accompagné tout au long de son trajet et informé en temps réel sur les correspondances (numéros des quais, retards, services en gare…).

La nouvelle application a vocation à « favoriser le porte à porte et proposer des services complémentaires » comme l’intégration des horaires de différents réseaux (dont l’ensemble des opérateurs d’Ile-de-France comme la RATP et Optile), la plupart des vélos en libre-service (Vélib, Vélov..).

Dans le courant du 1er semestre 2015, iDcab, le service de taxi porte-à-porte, et iDvroom, le covoiturage SNCF, seront ajoutés à l’application.

La contribution de Keolis dans le digital

Filiale du groupe SNCF (15 pays couverts), Keolis est un opérateur du transport public de voyageurs dans le monde (notamment en France).

Il a développé une application de gestion des trajets des voyageurs au sein d’un réseau de transports urbains (préparation du trajet, informations en temps réel sur l’état du réseau ou du trafic, achat de ticket et billet dématérialisé sur son smartphone). En France, elle est exploitée dans des métropoles comme Lille et Bordeaux.

L’application Quotidien.sncf a vocation à être déclinée en marque blanche pour les autorités organisatrices de transports (AOT) clientes de Keolis dans le monde.

Un partenariat avec la start-up israélienne Moovit a été mis en place. Cela va même plus loin. Dans le cadre de la troisième levée de fonds (50 millions de dollars) de Moovit (service que l’on qualifie de « Waze des transports en commun »), Keolis a investi aux côtés de Groupe Arnault, mais aussi Nokia Growth Partners et le fonds corporate de BMW.

Open data et open innovation :

« On ouvre nos data industriellement », explique Yves Tyrode. A travers Digital SNCF, le groupe ferroviaire veut développer une dynamique d’exploitation ouverte de données associée à un écosystème d’experts (développeurs, designers, data scientists) et de start-up.

Le catalogue de jeux de données de la SNCF libres d’exploitation (mais sous conditions) va être élargi aux horaires théoriques et temps réels et aux données de correspondance pour les trains quotidiens et prochainement les lignes TGV.

« Nous allons les ouvrir en respectant les standards du Web via des API », souligne Yves Tyrode. « Les utilisateurs ne paieront pas ou très peu à l’accès de ces données. En revanche, les multinationales du Net paieront davantage », s’avance le CDO de la SNCF.

Voilà qui va contrarier un peu des acteurs comme Google…« Nous avons été pionnier dans l’open data pour les transports publics », commente Guillaume Pépy. « Avec la vente de données, nous voulons éviter que les données ne soient préemptées par les GAFA (Google-Amazon-Facebook-Apple). »

L’offre data avec les conditions d’accès aux données et les tarifs seront publiés d’ici fin mai.

Store.SNCF : une usine pour développer des applications

La SNCF veut développer sa propre marketplace d’applications thématiques du monde du transport. « Store.SNCF est une boîte à outils pour le support design, les usages API…Elle permet aussi de récolter la note des utilisateurs », précise Yves Tyrode.

La plateforme de développement est exploitée en interne  jusqu’à la fin du premier semestre 2015. Elle sera ensuite ouverte aux développeurs tiers.

Un millier de start-up ont commencé à investir la plateforme comme Story Lab (bibliothèque numérique dans le TER) ou TripAndDrive (service d’auto-partage de véhicules).

Animation écosystème start-up : création du fonds Digital SNCF Ventures

La SNCF met en place un fonds visant à prendre des parts dans les start-up les plus prometteuses. Cette nouvelle structure, qui sera opérationnelle prochainement, dispose d’une dotation de 30 millions d’euros sur trois ans.

Parallèlement, le groupe ferroviaire va déployer son propre réseau d’accélérateurs digitaux  (les « 574 » du nom du record du monde de vitesse sur rail établi par la SNCF).

Ses sites, situés entre Paris, Lyon en passant par San Francisco, serviront à la fois d’incubateurs et de centres d’expertise (des fabs) sur 4 thématiques : big data, open data, design, objets connectés et robotique.

Elargissement de l’usage de terminaux numériques dans le réseau SNCF

Déjà 30 000 agents de la SNCF sont équipés de terminaux mobiles. « Notre cible, c’est l’équipement en tablettes et en applications de 80 000 agents », a déclaré Yves Tyrode.

Pour la maintenance matériel, le personnel sera équipé de tablettes, avec une application renvoyant vers la documentation numérisée.

« Pour l’instant, deux sites expérimentent ce prototype à Dijon et à Strasbourg », commente Christophe Lière, de la direction du matériel, interrogé via le site Internet de la SNCF.

« La première phase consiste maintenant à étendre à quelques technicentres l’utilisation des tablettes. Ce sera effectif vers mi-2015 avec 700 tablettes déployées dans ces technicentres entre juin et août. Et enfin, au cours de l’année 2016 seront déployées les 8100 tablettes restantes sur la totalité des centres de maintenance. »

Selon Silicon.fr, le groupe ferroviaire compte aussi équiper les agents chargés de la surveillance du réseau (au nombre de 12 000) pour saisir de manière numérique les données issues de leurs observations terrain », explique explique Marc-Henri Scheiner, de la direction de l’infrastructure SNCF.

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