« Malheureusement, c’est ce qu’ils vous font croire. »
Eux, ce sont les banques et les bureaux de change. TransferWise les mentionne dans son aide en ligne, en se mettant dans la peau d’un utilisateur qui demanderait : « Mais d’habitude, je ne paye pas de frais pour mes transactions ? ».
Par « transactions », il faut entendre les transferts d’argent interdevises.
La firme d’origine britannique se veut plus compétitive que Western Union et consorts en s’appuyant sur le « taux interbancaire ».
On retrouve cet indice – qui résulte de la moyenne des taux d’achat et de vente sur le marché mondial des devises – dans la communication de nombreuses FinTech parmi lesquelles les néo-banques Monzo, Revolut et N26.
Dans le cas de TransferWise, l’approche a séduit Old Mutual Global Investors et Institutional Venture Partners.
La société de gestion d’actifs et le fonds de capital-risque emmènent un tour de table de 280 millions de dollars auquel participent également des actionnaires historiques dont Andreessen Horowitz et sir Richard Branson, fondateur du groupe industriel Virgin.
Affirmant fédérer plus de 2 millions d’utilisateurs sur sa plate-forme, TransferWise se dit rentable depuis début 2017. Le développement en Asie, et plus particulièrement en Inde, est inscrit comme une priorité à son agenda, dans la lignée de l’ouverture, au printemps, d’un bureau à Singapour.
L’aventure avait démarré en 2011 sous l’impulsion de deux Estoniens : Taavet Hinrikus et Kristo Käärmann.
Le premier travaillait chez Skype, où il était payé en euros alors qu’il vivait à Londres. Le second était rémunéré en livres sterling alors qu’il passait beaucoup de son temps en Belgique.
Pour éviter les frais des banques et des agents de change, les deux associés s’étaient transféré des fonds « en direct », sur la base du fameux taux interbancaire.
Une levée d’amorçage était intervenue l’année suivante, pour un montant de 1,3 million de dollars, avec des business angels comme Max Levchin (cofondateur de PayPal)… et Kima Ventures, le fonds de Xavier Niel auquel Jérémie Berrebi était encore associé.
À l’époque, TransferWise n’assurait que la conversion entre livres et euros. Sa plate-forme couvre aujourd’hui une cinquantaine de pays, avec « plus de 750 routes de devises » et l’équivalent d’un milliard d’euros drainé chaque mois.
Un cap avait été franchi en 2013 avec un financement de 6 millions de dollars impliquant notamment Valar Ventures, le fonds de Peter Thiel (lui aussi cofondateur de PayPal).
Depuis lors, l’entreprise a pris le visage d’une néo-banque, quand bien même elle ne détient pas de licence.
Après avoir décliné, l’an dernier, son offre en version « business », elle a lancé, cette année, un service de comptes multidevises avec IBAN* (et ses équivalents pour la livre, le dollar américain et le dollar australien).
Pour certaines devises (dont l’euro, la livre, le dollar U.S. et le franc suisse), TransferWise propose un taux de change garanti. Pour les autres, c’est à l’utilisateur de décider d’une limite de taux.
Pour illustrer son propos, TransferWise a sollicité, en mai dernier, l’agence PCM, qui a mené, au Royaume-Uni, une étude dont résulte le graphe ci-contre. Y sont détaillés les frais prélevés pour la conversion de 2 000 livres en euros.
* Lancement prévu en 2018 pour les particuliers, avec une carte de paiement.
Crédit photo : Wouter de Bruijn via Visualhunt / CC BY-NC-SA
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