Transformation de l’entreprise : comment le DAF s’approprie le digital
Congrès des DAF : Vrai pilier de l’entreprise, le directeur financier se mesure à des enjeux numériques. Petits focus dématérialisation et sécurité IT.
Dans quelle mesure le directeur financier participe à « l’accélération de la transformation de l’entreprise » ? A l’occasion du Congrès des DAF organisé aujourd’hui au Palais des Congrès (porte Maillot, Paris), une table ronde était consacrée à ce sujet mardi en fin de matinée.
La question des outils numériques et de la place du digital dans cette transformation a été abordée de manière succincte au regard des enjeux globaux (financement, structures de coûts, pilotage de l’entreprise…). Globalement, le directeur financier se positionne comme un partenaire de prédilection pour les évolutions stratégiques édictées par la direction générale.
« Il faut de la rigueur et de l’audace tout en prenant en compte les enjeux financiers et industriels et tout en préservant l’envie d’entreprendre en interne », synthétise Thomas Reynaud, Directeur financier et Directeur du développement du groupe Iliad-Free depuis 2007.
Il apporte son témoignage de DAF au sein de l’une des sociétés les plus emblématiques de la vague nouvelle économie. Sous la houlette de Xavier Niel, la direction financière prend des allures de course automobile. « Je n’avais pas le droit de toucher au frein à main, on garde les deux pieds sur l’accélérateur, on flirte avec les limites de vitesse, tout en veillant à garder sa ceinture de sécurité », déclare Thomas Reynaud.
Digital : « ne pas tomber dans les excès »
La question de l’usage des outils digitaux se pose. « C’est un bouleversement majeur, à condition de ne pas tomber dans les excès », considère Jean-Luc Petithuguenin, Président de Paprec group (spécialiste du recyclage qui réalise un chiffre d’affaires d’un milliard).
Si la dématérialisation des factures est considérée comme une vraie valeur ajoutée, il existe des limites dans les orientations numériques. Jean-Luc Petithuguenin se rappelle de cet éditeur qui lui suggérait de remplacer les 150 commerciaux terrain rattachés au groupe par un portail BtoB. Un plan qui n’est pas crédible, considère le président de Paprec.
En revanche, l’idée du portail Internet pour recruter des abonnés a séduit Free. C’est même l’un des piliers de son succès. Le FAI a réussi à recruter 15 millions d’abonnés par ce canal 100% dématérialisé entre 2002 et 2007. Il fallait oser , reconnaît Thomas Reynaud : souscrire en ligne à une offre d’accès Internet dont on ne dispose pas. Alors que la couverture de la population en ADSL demeurait incomplète au niveau national.
Au sein de la direction financière d’Iliad-Free, les services de dématérialisation sont très présentes. « Elle concerne toutes les procédures de factures et de gestion de frais avec des outils performants. Nous faisons plus confiance dans les hommes que dans les process. A date, nous avons développé tout notre système d’information en libre, y compris les systèmes de facturation », précise Thomas Reynaud.
Sécurité IT : gare à la fraude par e-mail
De son côté, Jean-Luc Petithuguenin pointe du doigt les multiples tentatives de fraudes (faux e-mails avec des signatures récupérées sur Internet, des attaques de piratage de systèmes informatiques) dont son groupe a fait l’objet.
Lors d’une opération de fusion-acquisition, ses plus proches collaborateurs avaient été assez surpris de recevoir un présumé mail du patron à propos d’une transaction dont il ne fallait parler à personne. Le ton inhabituel de la requête émise par le pseudo-patron a permis de découvrir le pot aux roses avant de tomber définitivement dans le piège.
Confirmation du côté de Jean-Baptiste de Chatillon, Directeur financier du groupe PSA Peugeot Citröen : « L’enjeu n’est pas la dématérialisation mais la sécurisation. Les tentatives de piratage sont permanentes. C’est un vrai défi en termes de cyber-sécurité. »
Autre enjeu associé à la direction financière : comment appréhender les nouveaux modèles économiques susceptibles d’impacter les résultats d’une entreprise ? « C’est le cas des business models autour de la prestation des services Internet autour du véhicule », commente Jean-Baptiste de Chatillon. « L’enjeu est fort car il faut éviter d’adopter un modèle qui ne correspond pas. »
Dans un baromètre de la fonction DAF mené par le cabinet MRC&C publié à l’occasion du Congrès des DAF, l’influence est non négligeable :il est perçu par les autres directions de l’entreprise à la fois comme un interlocuteur de confiance (87%), un partenaire de projet (81%) et un apporteur de solutions (76%). Un interlocuteur incontournable, CQFD.
De gauche à droite : Philippe Dessertine (Directeur de l’Institut de haute Finance), Jean-Luc Petithuguenin (Président Paprec), Charles-Antoine Blanc (DAF Paprec), Jean-Baptiste de Chatillon (DAF Groupe PSA), Thomas Reynaud (DAF Iliad-Free) et Nicolas Pierron (journaliste Radio Classique).
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