Mobilité et télétravail, multiplication des terminaux et convergence des usages autour du cloud, communication et collaboration par voie électronique : la technologie joue un rôle fondamental dans l’évolution des modes de travail… et de la société.
Ce constat, Dell et Intel l’établissent à l’appui d’une étude commandée à TNS Global. Une enquête mondiale qui entre dans le cadre des travaux lancés en 2010 par les deux multinationales américaines pour cerner les tendances de fond amenées à dicter la transformation numérique des entreprises.
Les deux partenaires IT ont présenté les résultats ce matin lors d’une présentation à Paris.
Le premier point d’étape réalisé en 2012 avait laissé entrevoir un enthousiasme global pour les TIC, en tête desquelles le réseau Internet, quasi unanimement considéré comme un nouveau levier de productivité facilitant aussi bien la vie personnelle que l’exercice d’une profession. Même réflexion pour tous ces usages connectés que sont le cloud, les services de messagerie électronique, les outils de collaboration et les réseaux sociaux.
Certains phénomènes entrevus à l’époque se confirment deux ans plus tard. Illustration avec la notion de « crowdsourcing« , que l’on peut décrire comme la capacité, pour les entreprises, de distribuer plus efficacement les tâches en les associant aux bonnes ressources, sur le principe du « just-in-time ».
Cette pratique s’est répandue non seulement dans le milieu professionnel à travers des initiatives comme le coworking (partage d’espace de travail), mais aussi dans la vie quotidienne. « On le voit avec des entreprises comme Airbnb [service d’intermédiation pour trouver des bons plans logement, ndlr] », explique Alexis Oger, Directeur marketing de Dell France. Et d’ajouter : « Dell a lui-même adapté son approche en interne, en accordant davantage d’importance aux profils face à l’organisation traditionnelle par métiers« .
Autre tendance dégagée qui émergeait en 2012 et qui prend aujourd’hui racine : le basculement des pays développés vers une « économie d’intelligence » centrée sur le capital humain suscite de nouvelles interrogations sur la manière de générer de la productivité et de la mesurer. Illustrée par la notion de mobilité, la flexibilité des modes de travail complique l’estimation de la valeur ajoutée apportée par chaque employé dans le cadre de projets collaboratifs.
Cette « culture du ROI » nécessite une solide relation de confiance avec l’employeur. Elle se fonde surtout sur la possibilité, pour les collaborateurs, d’accéder sans contrainte aux applications et aux données, indépendamment du lieu et du moment. Portée par les smartphones et les tablettes, l’évolution des équipements IT en est l’une des conséquences. Et l’utilisateur final a une influence croissante dans ce processus, à mesure que les terminaux destinés au grand public investissent le monde professionnel.
Une telle transition représente un défi majeur pour les directeurs/responsables informatiques, qui ne doivent pas négliger le potentiel de la technologie pour attirer et retenir les talents : 18 % des Français reconnaissent qu’ils pourraient quitter un poste s’ils ne bénéficient pas des derniers équipements IT. « La fonction est de plus en plus transversale, allant jusqu’à se recouper avec les RH« , explique Isabelle Flory.
La directrice des solutions pour entreprises en Europe de l’Ouest chez Intel ajoute : « L’IT est désormais ‘challengée’ par les métiers. Elle doit se positionner en partenaire business à l’heure où 25 % des dépenses informatiques ne passent pas par le département IT« .
Confrontée à la multiplication des profils d’utilisateurs (certains préférant travailler sous Windows ; d’autres, sous environnement Apple, etc.), l’IT « tend à devenir une barrière à mesure que les employés s’aguerrissent aux nouvelles technologies, reconnaît Alexis Oger. Mais il est nécessaire d’assurer la sécurité du patrimoine numérique, à l’heure où des fuites de données peuvent lourdement affecter une entreprise [il mentionne le cas de l’enseigne de distribution américaine Target, victime, l’année dernière, d’un vol massif d’informations personnelles] ».
Le principal défi pour les responsables IT reste effectivement d’intégrer de manière sécurisée une multitude de plates-formes qui remplissent chacune leur usage, tout en tirant partie de technologies comme le tactile, « qui prendra son sens à mesure que l’offre d’applications compatibles s’agrandira« , selon Alexis Oger.
Les attentes dans le domaine sont d’autant plus importantes chez les jeunes employés, « qui prennent les technologies pour acquises, au contraire des plus de 50 ans, qui font preuve de plus de patience, car ils peuvent mesurer le bénéfice que leur ont apporté les TIC au cours des années« . De la logistique au bâtiment, « la technologie touche aussi de plus en plus de cols bleus, à travers les applications verticales« , ajoute Isabelle Flory.
Ces divergences intergénérationnelles s’effacent sur le volet du télétravail, dont la perception a « complètement changé » en France en l’espace de deux ans. « Les discussions entre départements RH et IT sur ce sujet se multiplient« , confie Alexis Oger.
Pour autant, employés – et employeurs – français restent très orientés sur les relations interpersonnelles : parmi les 97 % qui disent avoir « au moins une attache au bureau », 61 % y passent plus des trois quarts de leur temps de travail.
La mesure de la productivité sur objectifs motive toutefois la tendance télétravail. Plus d’un tiers des 500 Français interrogés (35 % exactement) disent travailler au moins 2 heures par semaine dans un lieu public. En moyenne, on passe 29 heures au bureau, le reste des tâches professionnelles s’effectuant à l’extérieur (4 heures) et chez soi (5 heures ; un chiffre moins important dans des secteurs comme la finance, essentiellement pour des questions de sécurité).
Dans ce dernier cas, l’évolution des comportements est flagrante : 84 % des répondants déclarent qu’un autre membre du foyer et/ou un animal de compagnie est présent lorsqu’ils travaillent de chez eux. S’instaure une certaine intimité que l’on refuse souvent d’interrompre par une session de visioconférence.
Cette pudeur « caractéristique des Français » a ses bénéfices : 50 % des sondés se disent moins stressés ; 39 % estiment gagner du temps, notamment sur le déplacement jusqu’au bureau ; 27 % peuvent dormir davantage.
L’adoption du télétravail en France reste néanmoins sans comparaison avec les taux atteints dans des pays « à économie émergente » (selon la terminologie retenue par Dell et Intel) comme le Brésil, où la pratique est plébiscitée à 83 %. Plus de 75 % des Français déclarent d’ailleurs préférer les réunions « physiques » (contre environ 60 % dans le monde).
Dans l’état actuel, nos entreprises considèrent le télétravail comme « un plus », alors que leurs homologues dans les pays dits « émergents » l’assimilent à « une évidence ». Mais les impacts positifs sur certaines carrières – par exemple celle des femmes – font consensus, quand bien même il subsiste des craintes quant à la difficulté de « déconnecter ».
Cet équilibre entre vie privée et vie professionnelle pose d’autant plus de questions que la frontière devient poreuse : 29 % des Français utilisent régulièrement un ordinateur portable personnel dans le cadre de leur travail (26 % pour les smartphones ; 4 % pour les tablettes). Inversement, ils sont 83 % à déclarer avoir déjà utilisé à des fins personnelles un appareil fourni par leur entreprise. Une vérité qui s’applique surtout aux dirigeants, « ultra-connectés ».
Dell et Intel notent toutefois que la pratique est plus répandue dans les pays « émergents », où 83 % des employés disent consulter leurs e-mails hors du bureau, contre 42 % dans les pays « développés » (les taux sont respectivement de 81 % et 27 % pour les appels téléphoniques).
La France n’y fait pas exception. Et même si 47 % des entreprises encouragent le BYOD (« Bring Your Own Device« , ou comment j’exploite mes équipements personnels pour faire mon travail), il est souvent limité à un seul type d’OS. L’usage de la virtualisation pour simplifier l’accès aux données et applications reste l’apanage des grands comptes. En outre, seulement 21 % des dirigeants interrogés reconnaissent avoir adopté des politiques de sécurité ad hoc.
La France fait surtout preuve d’un conservatisme sans égal à l’échelle des 11 pays étudiés, bien que la technologie y soit perçue comme un gage d’évolution des usages et d’avancées en matière de productivité : malgré la « prise de pouvoir » des algorithmes, on cherche à se persuader que l’humain restera au centre du schéma fonctionnel.
Ce qui n’empêche pas 89 % des sondés d’estimer que les ordinateurs intégreront la reconnaissance gestuelle ; 94 % pensent que la reconnaissance vocale se substituera bientôt au clavier ; 85 % sont sûrs que les voyages d’affaires seront remplacés par d’autres formes de communication ; 53 % s’imaginent venir un jour au bureau sous la forme d’un hologramme.
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