SAP pour le Bayern Munich et Manchester City ; Microsoft pour le Real de Madrid et l’Olympique lyonnais… À chacun son partenaire de transformation numérique.
Le Paris Saint-Germain a visé plus au nord avec une recrue d’origine suédoise : Ericsson.
L’équipementier de réseaux télécoms, fondé en 1876, devient partenaire officiel « expérience digitale » du club de la capitale dans le cadre d’un contrat dont on nous a initialement annoncé qu’il courait sur deux années qui seraient « probablement reconduites »… avant de finalement nous évoquer une durée de quatre ans.
Ni le PSG, ni Ericsson ne confirme la somme de 1,8 million d’euros par an que mentionne L’Équipe. Tout au plus le premier s’engage-t-il officiellement à « donner de la visibilité » au second, sans toutefois aller jusqu’au sponsoring du maillot.
Les choses sont plus claires concernant les grands axes du partenariat : développer un SI dédié à la performance sportive et mettre en place un système de gestion global de l’expérience digitale, sur fond de conseil en technologie et en innovation.
Helena Norrman l’affirme : Ericsson – dont elle chapeaute la communication et le marketing – se lance là dans un chantier sans précédent avec un acteur de l’univers du sport.
Le groupe a cependant acquis une expérience dans le domaine, à travers la participation à des événements ponctuels (tournois de tennis, étapes des coupes du monde de ski alpin et de ski nordique…).
Expérimentée à ces occasions, l’offre Live Events sera l’une des briques qui porteront le projet amorcé avec le Paris Saint-Germain.
Ce projet est présenté en premier lieu sous l’angle de l’amélioration des performances sportives grâce à l’exploitation de la data. Mais comme le reconnaît Boris Serapian, il est difficile d’en dissocier la dimension économique, via les services rendus aux supporters.
Le directeur des services informatiques du PSG, arrivé il y a deux ans et demi en provenance de Compuware (aujourd’hui Dynatrace), a accompagné la transformation du département IT, d’une fonction essentiellement support jusqu’à la thématique du stade connecté, concrétisée entre autres par l’installation – effective depuis quelques semaines – du Wi-Fi au Parc des Princes, en complément à la connectivité cellulaire fournie par Orange.
Entre-temps, l’effectif de la DSI a quadruplé, passant à 12 personnes. Des collaborateurs d’Ericsson s’y grefferont avec une mission : connecter tout ce qui peut l’être pour y associer les services adéquats.
En la matière, de nombreuses pistes ont déjà été explorées, jusqu’à la pelouse, à la demande du jardinier (l’appellation « manager de terrain » a sa préférence), qui peut, en fonction de la météo, déclencher l’arrosage à distance.
Le défi consiste à répliquer ce modèle sur l’ensemble des entités physiques du club. En tête de liste, les centres d’entraînement de Saint-Germain-en-Laye (Camp des Loges, où évolue l’équipe masculine) et Bougival (pour les féminines).
Le PSG refuse en tout cas de fermer le champ des possibles : toute donnée est potentiellement bonne à exploiter dans l’optique d’avoir un suivi « longitudinal » des événements comme des lieux et des joueurs.
Au cas où on aurait osé soulever la question après les témoignages recueillis notamment auprès d’équipes cyclistes à l’occasion du dernier Tour de France, Frédéric Longuépée, Directeur général adjoint du Paris Saint-Germain, nous assure qu’Edinson Cavani, Marco Verratti et leurs coéquipiers « sont demandeurs ».
Même son de cloche chez Franck Bouétard. Le P-DG d’Ericsson France ajoute que l’entraîneur Unai Emery, qui a succédé en début de saison à Laurent Blanc, a lui aussi insufflé une dynamique.
Pour le meilleur ou pour le pire ? Quand on suggère à l’encadrement du PSG que la data pourrait un jour remplacer le coach, on nous rétorque que l’analyse des données n’est là que pour faire cette « petite différence » face à des clubs professionnels « dont le niveau est similaire »… même si la mise en place d’une DMP « fait partie des projets en cours », selon Boris Serapian.
L’enjeu consistera à faire converger les données existantes avec celles collectées actuellement et celles qui le seront demain.
Ce qui est posé sur le papier n’est pas forcément évident à mettre en œuvre, comme le suggère Patrick Kluivert.
L’ancien international néerlandais, aujourd’hui directeur du football au sein du Paris Saint-Germain, se souvient de la « révolution du GPS » survenue lorsqu’il évoluait au Milan AC. « Tout a changé depuis lors et la technologie est vraiment devenue essentielle en ce qu’elle peut apporter aux joueurs, aussi bien d’un point de vue personnel qu’au niveau collectif ».
Et d’ajouter, en français dans le texte sur la question de la mutualisation des données avec d’autres clubs : « Cela fait partie de notre stratégie. Il est important pour nous de savoir comment se comporte un joueur que nous prêtons ».
Demeure un point d’interrogation sur les conditions de recueil, de stockage et d’exploitation de toutes ces données. Sur le premier point, les collectes ne se font « que si les joueurs ont donné leur accord ». On ne nous confirmera pas si des mentions figurent à même leur contrat.
Pour le reste, il est fait état de « travaux avec la CNIL » et de localisation « sur les datacenters d’Ericsson », sans plus de précisions géographiques.
Pour remettre les choses en contexte, la transformation numérique du PSG ne commence pas avec Ericsson. Pour exemple, cette plate-forme d’assistance au recrutement mise en place l’année dernière et qui recense des milliers de joueurs avec leurs principales caractéristiques. Ou encore l’intérêt porté pour la robotique, notamment le « spider » que l’équipe de France de rugby utilise pour entraîner sa mêlée.
Le partenariat avec la société suédoise coïncide cependant avec une réorganisation des effectifs. Si bien qu’il faudra « attendre un peu » pour mettre un nom sur les fonctions de chief data officer et de directeur du marketing digital.
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