Transformation numérique : les TPE / PME confondent-elles vitesse et précipitation ?
Un rapport de l’Apec dénote, chez les TPE / PME, un sentiment d’urgence qui ne favorise pas la structuration d’initiatives de transformation numérique.
Peut-on vraiment parler, dans les TPE / PME françaises, de transformation numérique ?
Un rapport* de l’Apec (Association pour l’emploi des cadres) laisse entrevoir une autre réalité : celle de « projets informatiques » de faible ampleur, sans véritable approche méthodique.
Le manque de structuration des initiatives semble lié en partie à un sentiment d’urgence.
Cette pression, de nature économique et temporelle, pèse aussi bien sur la façon d’envisager la transformation numérique que sur sa mise en place concrète.
D’après l’Apec, les TPE / PME seraient seraient plutôt « dans une démarche de dématérialisation douce et progressive, pour être en phase avec les nouveaux usages, à la fois en interne et en externe. »
Affaires internes
Lorsque les démarches relèvent effectivement d’une transformation numérique, celle-ci s’accompagne rarement d’une révolution au sein de l’entreprise. Ou tout du moins, elle n’est pas perçue comme telle. Et lorsqu’elle l’est, les cadres la voient moins positivement que dans les grandes entreprises.
L’implication de la direction en devient le principal facteur de réussite. Ce dès la phase du diagnostic.
Ce dernier est souvent réalisé de façon informelle, tout comme la formation a lieu majoritairement en interne, « sur le tas ».
Les TPE / PME ont effectivement un recours limité à des ressources extérieures. Le manque de temps et de moyens apparaît comme l’une des raisons. Mais la non-adéquation des dispositifs existants joue aussi, tout comme leur méconnaissance.
Illustration sur le volet financement. « Quasiment aucune des entreprises rencontrées n’a bénéficié de services préfinancés ou subventionnés pour mener à bien son projet, mis à part pour la partie formation », explique l’Apec. La lourdeur apparente des démarches auprès des réseaux ou des fédérations professionnels n’y est pas étrangère.
Quand bien même des difficultés peuvent être identifiées, notamment dans la conception du cahier des charges, les TPE / PME ont tendance à suivre une « philosophie de l’autonomie ». C’est parfois dû à la personnalité même du dirigeant, désireux de garder la maîtrise sur le projet, a fortiori lorsqu’il est de faible envergure (bien que celle-ci soit quelquefois sous-estimée).
* Rapport basé sur une enquête nationale auprès de 4 000 cadres, additionnée d’une quarantaine d’entretiens auprès d’entreprises et de structures accompagnatrices. Sont considérées comme TPE les structures de moins de 10 salariés (de 10 à 250 pour les PME).
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