Peu d’aides publiques orientées vers les petits montants, une difficulté à accéder aux compétences d’un CDO ou à des formes équivalentes, des dispositifs de soutien à l’e-internationalisation inadaptés à la réalité du marché… Autant d’éléments qui, selon le CNNum, compromettent la transformation numérique des PME françaises.
L’organisme consultatif a rendu un rapport sur le sujet (PDF, 88 pages).
Intitulé « Croissance connectée », le document fait office de point d’étape après une saisine gouvernementale* du 23 mars 2016 confiant au CNNum la charge d’élaborer, d’ici au mois d’octobre, en collaboration avec la DGE, un « plan national pour la transition numérique des PME ».
Une enquête terrain (200 PME rencontrées) doublée d’un benchmark international (14 pays analysés selon l’importance économique des PME et des dispositifs publics qui leur sont destinés) a permis d’établir un diagnostic.
Le premier des « verrous à débloquer » concerne l’accompagnement. Les dispositifs existants ne seraient « pas adaptés aux caractéristiques des PME » et « peu en phase avec la nature même de la transition numérique ».
Par « caractéristiques », il faut entendre la taille des équipes managériales, la gouvernance multifonctionnelle et le manque de personnel spécialisé.
Le CNNum considère en outre qu’il faut prendre en compte différents cas de figure, des dirigeants de PME pour qui le numérique apparaît comme anecdotique à ceux qui sont convaincus, mais qui manquent d’une stratégie, voire d’une vision.
Le modèle allemand du Mittelstand 4.0, qui propose aux PME de venir expérimenter, au sein d’agences, les nouveaux modes de travail et de production numérique, peut être un exemple à suivre.
Une fois les dirigeants convaincus, reste à leur permettre de s’orienter au sein des dispositifs existants. Le CNNum recommande, à cet égard, la mise en place d’un répertoire et de référents « ressources ». Et d’y associer un dispositif à l’image du site « Test your service need », qui permet, en Finlande, de réaliser un autodiagnostic avec renvoi des les dispositifs de soutien adéquats.
Autre écueil : le financement de l’immatériel, à l’heure où la mise en place d’une présence en ligne requiert en moyenne un investissement initial de 5 000 à 25 000 euros.
Ce qui est apparu comme problématique aux yeux du CNNum, c’est surtout les coûts récurrents (abonnements, commissions des sites marchands, logistique…), face à l’incertitude de trouver un modèle viable dans un contexte économique incertain. D’autant plus que les PME – plus encore les microentreprises – ont globalement des difficultés croissantes à accéder au crédit bancaire, lequel reste leur principal mode de financement.
Quant aux aides publiques, elle sont encore peu orientées vers les petits montants, à l’exception des prêts d’honneur apportés par des réseaux d’accompagnement ou des garanties sous forme de cautionnement mutuels financés par les programmes européens tels que Horizon 2020.
Le CNNum recommande de s’inspirer du « Small Business Digital Capability Programme Challenge Fund » lancé en 2014 par le ministère britannique des Finances, avec un appel à projets destiné à sélectionner des dossiers innovants de partenariats noués entre des autorités locales et des entreprises. Et de regarder du côté du Japon, où il existe une subvention pour le recrutement et la formation des ressources humaines spécialisées dans les TIC.
Troisième « verrou » : la diffusion du commerce connecté entre professionnels. Avec un constat : en 2014, un quart des entreprises françaises utilisaient le e-commerce pour leurs achats et 15 % pour leurs ventes, contre respectivement 38 % et 18 % à l’échelle de l’Europe.
Le goulot d’étranglement dans les relations d’achat entre les entreprises se trouve au niveau de la dématérialisation. Notamment lorsqu’il faut s’adapter à des contraintes processuelles et à des techniques différentes (formats des bons de commande, système d’échange e-mail, fax ou logiciel propre…).
Les exclusivités de distribution peuvent constituer un autre frein. Selon le CNNum, « les PME qui limitent leurs capacités de distribution en propre auprès de consommateurs finaux ou la diversité de leur clientèle professionnelle risquent d’être plus précaires face aux disruptions intervenant dans leur chaînes [sic] de valeur ».
Quelles pistes face à ce constat ? Développer, entre les professionnels du numérique, le co-design d’application des interfaces et des processus commerciaux dématérialisés. Mais aussi soutenir le développement de services numériques favorisant les coopérations entre PME/microentreprises orientées BtoB.
Il existe aussi des « opportunités » à saisir, dont l’e-internationalisation. Ou comment exploiter le numérique pour simplifier l’accès aux marchés et la connaissance de la clientèle, avec des coûts inférieurs à ceux de la prospection traditionnelle.
Il y a du travail en la matière : hors microentreprises, seulement 5 % des PME françaises recourent à l’e-export. Là aussi, le CNNum conclut à une inadaptation des dispositifs de soutien, les acteurs publics de l’accompagnement à l’internationalisation ne semblant par ailleurs « pas avoir entièrement accompli leur transition numérique ».
Et de signaler l’existence, en Suède, du dispositif « Business Sweden », qui propose des cours aux entreprises souhaitant exporter via Internet.
En lien avec le développement des politiques d’open innovation et de « coopétition » (collaboration entre concurrents), le CNNum aborde les avantages de la mutualisation ; jusqu’à l’inclusion du consommateur en tant que contributeur d’idées… et relais de services, par exemple dans la consommation collaborative.
Il existe des start-up qui proposent aux commerçants des services de mutualisation. Et des places de marché qui visent à augmenter l’attractivité de groupements d’entreprises locales. Mais il demeure un scepticisme sur la portée réelle des coopérations possibles, ainsi que des interrogations relatives à leur faisabilité sur le plan opérationnel.
On notera qu’en Italie, une loi de 2014 soutient les agrégations d’entreprises dans les secteurs de la manufacture durable et de l’artisanat numérique.
Autre levier de croissance : l’hyper-proximité, que ce soit vis-à-vis des clients, des fournisseurs ou des partenaires.
Cela nécessite de développer une stratégie de complémentarité avec les canaux physiques. Après quoi on pourra éventuellement l’inscrire dans des dynamiques portées par des modes de consommation et de production responsables, favorisant l’achat local.
Reste que les entreprises sont nombreuses à avoir le sentiment d’affronter les défis de façon isolée, sans les moyens nécessaires, en tout cas en interne, pour développer une chaîne logistique, des offres de livraison ou encore une communication digitale, voire événementielle.
Pour le CNNum, l’une des solutions résident dans le rapprochement du numérique avec des mouvements plus anciens de valorisation des territoires, proches de l’économie sociale et solidaire. On parle des AMAP, des SEL, des monnaies locales…
Cinq pistes d’action prioritaires à construire d’ici au mois d’octobre ont été définies. En premier lieu, construire, sur tout le territoire, un réseau d’ambassadeurs du numérique qui ira à la rencontre des PME en « sortant de la logique de guichet » qui « exclut de fait les entreprises les moins conscientes de l’impératif de transformation numérique ».
Deuxième objectif : mettre en place une plate-forme de ressources personnalisables, sous la forme d’un portail permettant aux entreprises de diagnostiquer leur maturité numérique et de s’orienter vers les bons dispositifs et les bonnes personnes.
Il s’agira aussi de développer une aide financière régionale pour les investissements immatériels. Une simplification des procédures de demandes et de gestion des fonds européens pour les régions pourra être étudiée en parallèle.
Le CNNum compte aussi explorer des schémas de mutualisation, aussi bien verticaux qu’horizontaux, afin que les PME puissent accéder aux compétences clés de la transformation numérique, autant sur le plan fonctionnel que stratégique.
Concernant l’e-internationalisation, une réflexion sera notamment menée sur l’adaptation des aides financières à l’export.
* Le CNNum a été saisi par Emmanuel Macron (ministre de l’ Économie, de l’Industrie et du Numérique), Matthias Fekl (secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de l’étranger), Martine Pinville (secrétaire d’État chargée du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Économie sociale et solidaire) et Axelle Lemaire (secrétaire d’État au Numérique).
Crédit photo : gouvernement.fr
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