Transmeta ne concevra plus de microprocesseurs. Le fabriquant américain a présenté le 31 mars un plan de restructuration et une nouvelle stratégie de développement. « Après une évaluation pertinente des opportunités du marché des processeurs compatibles X86, Transmeta a décidé de concentrer ses efforts actuels sur la concession de ses technologies avancées et sa propriété intellectuelle », justifie la société dans un communiqué.
L’architecte du Crusoe et de l’Efficeon a déjà signé trois accords de licence sur LongRun2 en 2004 avec NEC, Fujitsu et Sony. LongRun2 est une technologie de gestion de la consommation électrique concurrente de SpeedStep d’Intel et de PowerNow d’AMD. Les technologies d’économie d’énergie au sein des semi-conducteurs est en effet en vogue avec la montée en fréquence des horloges des processeurs et la miniaturisation des composants qui peinent à contenir les déperditions énergétiques. La société californienne ajoute qu’elle serait en discussions avec d’autres acteurs également intéressés par ses travaux sur le design des processeurs. Mais aucun nom n’est dévoilé pour l’heure.
Le rêve s’envole
Les puces Crusoe et Efficeon en 130 nanomètres, conçues par Transmeta, disparaîtront du catalogue au terme de leur cycle de vie tandis que les versions 90 nanomètres continueront d’alimenter quelques niches du marché. L’équipe dirigeante est également remaniée. Arthur L. Swift, vice-président du département marketing, prend les commandes de l’entreprise en tant que président directeur général en remplacement de Matthew R. Perry. Après le licenciement de 67 employés, l’effectif de Transmeta sera réduite à 208 collaborateurs dans le monde.
Si Transmeta ne disparaît pas totalement, le rêve de révolutionner l’industrie des microprocesseurs s’envole bel et bien. Après des années de développements secrets, l’entreprise avait présenté sa puce Crusoe en 2000 (voir édition du 19 janvier 2000). Laquelle se distinguait par sa technologie codemorphing d’interprétation sur 128 bits (3 ans avant l’arrivée du 64 bits!) des instructions informatiques. Technologie qui aurait permis aux processeurs Transmeta d’émuler tout type d’architecture : X86 mais aussi RISC, CISC… Transmeta avait également anticipé la problématique de la consommation d’énergie (laquelle a peut-être inspirée les autres fondeurs). Enfin, sa technologie mi-matérielle mi-logicielle facilitait les mises à jour de ses produits.
L’entreprise perdait de l’argent depuis sa création
Autant d’éléments alléchants qui devaient changer l’industrie du microprocesseurs. Mais les résultats peu convaincants des premiers tests (voir édition du 30 août 2000), le désengagement des partenaires IBM (voir édition du 2 novembre 2000) et Compaq (voir édition du 8 novembre 2000) notamment, ont marginalisé les espoirs. Et les récentes innovations apportées avec l’Efficeon (voir édition du 2 juin 2004) n’ont pas suffit à redresser la barre.
Transmeta va donc désormais se concentrer sur la commercialisation de ses technologies et tenter de combler ses pertes. La nouvelle direction espère réduire les 16 millions de dollars de pertes attendues pour le premier trimestre 2005 à 5 millions de dollars, ou moins, au cours des deux prochains trimestres. L’entreprise perdait de l’argent depuis sa création. Avec la nouvelle stratégie, Transmeta use ses dernières cartes avant une éventuelle disparition.
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