Transport optique : Ekinops veut prouver sa maîtrise aux opérateurs

Mobilité

Feuille de route, nouveaux clients, R&D… L’équipementier télécoms très haut débit, installé à Lannion, dévoile ses projets ambitieux.

Ekinops a envie de voir grand sur son marché de prédilection : l’équipement en transport optique très haut débit. Le 18 décembre, à l’occasion de l’inauguration de son nouveau siège social à Lannion (Cote d’Armor) à laquelle Vnunet.fr a assisté, Didier Brédy, PDG d’Ekinops, a dévoilé sa feuille de route pour 2008 : renforcement de l’équipe commerciale et du support clients, développement de sa présence à l’international, de nouvelles fonctionnalités technologiques et des partenariats importants pour marquer sa présence sur le marché des Etats-Unis et de la France.

Des ambitions que la société estime capable d’assouvir compte tenu des appuis financiers reçus. En octobre, l’équipementier a annoncé un tour de table de 14,5 millions d’euros grâce au soutien d’un pool de fonds d’investissement plutôt dense : Odyssée Venture et OTC Asset Management sont venus rejoindre les rangs de ses partenaires historiques (Auriga, Siparex, Ventech et Société Générale Assets Management).

Quelle est la botte secrète d’Ekinops ? C’est son savoir-faire technologique liant transport optique et logiciels. La branche R&D est chapeautée par François-Xavier Ollivier, co-fondateur de la société et nouveau membre du conseil d’administration du pôle de compétitivité « Images & Réseaux » en Bretagne-Pays de Loire.

Depuis sa création en 2000, l’équipementier a développé une plate-forme d’agrégation multi-protocole (Ethernet, Sonet/SDH, Fibre Channel) et de transport à haut débit pour les réseaux de fibre optique métropolitains et longue distance. Elle repose sur une architecture programmable (FGPA) qui permet de faire évoluer les fonctionnalités du produit par téléchargement logiciel.

Comment faire mieux avec des canaux éthernet à 10 Gbit/s

De nouvelles fonctionnalités destinées aux opérateurs sont en cours d’intégration sur la plate-forme d’Ekinops: l’accordabilité des laser d’émissions (« tunability ») va permettre de concentrer les 40 canaux de multiplexage sur une fibre en une seule carte (avec à la clé des économies en termes de coûts matériel et opérationnel).

L’amplification Raman permettra une amplification optique pour le transport jusqu’à 300 km, sur une seule fibre, sans répéteur. Ekinops va également proposer des solutions en anneaux, qui permettent de relier plusieurs noeuds ou villes au moyen d’une seule fibre. Pour l’optimisation, l’équipementier veut favoriser la planification du réseau (ROADM reconfigurable) pour mieux s’adapter aux besoins réels des clients.

Ekinops a développé une ligne complète de produits de transport optique à 10 Gbit/s. Mais la plate-forme 360 veut aller plus loin en doublant le nombre de canaux (de 40 à 80 sur une même fibre). Pour le volet interfaces clients, Ekinops prépare aussi l’avenir. Compte d’un besoin de bande passante inéluctablement en hausse, l’équipementier va proposer à ses clients opérateurs de transporter jusqu’à 32 canaux en 40 Gbit/s sur des infrastructures configurées pour du 10 Gbit/s. A terme, les efforts se concentreront sur des accès clients à 100 Gbit/s.

Introduction en Bourse, « une option »

Avec la moitié de son chiffre d’affaires réalisée aux Etats-Unis, les activités d’Ekinops sont clairement orientées à l’international. A l’occasion de l’inauguration de son nouveau siège, Ekinops a fait témoigner un représentant de son client le plus important de l’autre côté de l’Atlantique : Global Crossing, un fournisseur international de solutions IP, qui va déployer la plate-forme d’Ekinops sur ses réseaux métropolitains aux Etats-Unis. Côté France, il affiche désormais une première référence : Axione, une filiale d’ETDE (groupe Bouygues), qui se positionne comme « un opérateur d’opérateur » dédié à la gestion du service public local. Axione propose aux collectivités de monter des réseaux haut débit sous la forme de délégations de service public (DSP).

Pour être plus près de ses prospects, Ekinops a récemment ouvert un bureau à Londres et elle compte renforcer son équipe en Amérique du Nord. Autre zone de prospection privilégiée : la zone Asie-Pacifique (avec un nouveau bureau à Singapour). Fort de son expansion, la société, dotée actuellement d’un effectif de 40 personnes, compte recruter une vingtaine de collaborateurs l’année prochaine.

Le chiffre d’affaires réalisé est encore minime (4 millions d’euros en 2007) mais la direction d’Ekinops est confiante. « Nous sommes dans une position de création interne de valeur forte (… ) le CA devrait tripler chaque année », a déclaré Didier Brédy, qui escompte un premier résultat d’exploitation positif à l’horizon début 2009.

Entre les jeunes pousses et les grands groupes, le PDG d’Ekinops recense une dizaine de concurrents. Alcatel-Lucent est crédité d’une part de 20% sur son marché de prédilection. Mais, il se montre inspiré par le chemin parcouru par l’américain Infinera : ce concurrent a réalisé une introduction au Nasdaq dans le courant de l’été, en levant au passage 162 millions de dollars. « L’introduction en Bourse est une option que nous considérons », esquisse-t-il. Selon son point de vue, ce serait même la meilleure solution.


Lire la biographie de l´auteur  Masquer la biographie de l´auteur