Travis Kalanick pourrait lâcher au moins provisoirement les rênes d’Uber
La question d’un départ au moins temporaire du CEO Travis Kalanick ferait son chemin chez Uber. D’autres mouvements sont à prévoir.
Travis Kalanick va-t-il lâcher les commandes d’Uber ?
La question serait étudiée en interne, à l’heure où le conseil d’administration vient de voter, à l’unanimité ce dimanche, la mise en œuvre des recommandations qui figurent dans le rapport d’Eric Holder.
L’ancien procureur général des États-Unis (entre 2009 et 2015), aujourd’hui associé au cabinet d’avocats Covington & Burling, avait été sollicité en février dernier pour mener une enquête « indépendante » destinée à faire la lumière sur la culture de l’entreprise et les pratiques de son management.
Cette initiative répond à la polémique enclenchée par une ancienne collaboratrice – l’ingénieure Susan Fowler – qui dénonce le laxisme de la direction sur les problématiques de sexisme.
Des voix se sont élevées contre l’équipe constituée pour mener l’investigation. Ainsi le couple d’investisseurs Mitch et Freada Kapor a-t-il, dans une lettre ouverte, souligné qu’Eric Holder travaillait déjà à la défense d’Uber dans l’affaire des contrôles biométriques.
Confidents
Les employés devraient être informés ce mardi des suggestions de l’intéressé.
Proche confident de Travis Kalanick, Emil Michael serait sur la sellette. Certains membres du board, au même titre que l’avocat général d’Uber, avaient déjà demandé son départ en attendant la publication du « rapport Holder ».
Le dirigeant est impliqué, entre autres, dans le dossier qui a coûté sa place à Eric Alexander.
Ce dernier supervisait l’activité du groupe en Asie au moment où un chauffeur a été arrêté, puis condamné pour le viol d’une passagère.
Uber s’était persuadé qu’il s’agissait d’un coup monté par Ola, son principal concurrent sur place. Tant et si bien qu’Eric Alexander, placé indirectement sous la responsabilité d’Emil Michael, avait obtenu et partagé en interne des données médicales relatives à la victime, afin de démontrer qu’elle avait été agressée, mais pas violée.
La perspective de l’après-Kalanick
Pour ce qui est de Travis Kalanick, qui dispose d’un droit de vote majoritaire au board, on parle aussi d’un départ, au moins temporaire (le New York Times évoque une coupure de trois mois).
Kalanick lui-même avait soulevé cette idée le mois dernier, après un accident de bateau qui a grièvement blessé son père et coûté la vie à sa mère.
À en croire Reuters, il pourrait revenir avec moins de responsabilités. Mais qui assurerait l’intérim, sachant qu’Uber n’a, en l’état, ni directeur des opérations, ni DAF, ni directeur marketing et que d’autres mouvements pourraient survenir en application des mesures du « rapport Holder » ?
Selon Recode, Rachel Holt, employée depuis 2011 et aujourd’hui responsable Amérique du Nord, tiendrait la corde. Il pourrait toutefois être décidé de constituer un comité de gestion. Les noms d’Andrew Macdonald et de Pierre-Dimitri Gore-Coty, respectivement responsables Amérique latine/Asie-Pacifique et EMEA, sont cités, au même titre que celui de la responsable RH Liane Hornsey.
Il n’est pas non plus exclu que l’ex-CEO Ryan Graves reprenne du service à ce poste, quand bien même il est moins impliqué dans l’opérationnel depuis quelque temps.
Membre du board, Arianna Huffington avait assuré, au mois de mars, qu’un « bouleversement » se préparait dans la culture de l’entreprise, avec un « recentrage sur l’humain ». Uber affirme plancher notamment sur une refonte de son système d’évaluation en interne. Plus d’un millier de descriptions de postes ont par ailleurs été mises à jour « pour s’assurer d’éliminer tout marqueur de discrimination ».