Très haut débit : on accélère mais on oublie la fibre pour tous
Le Président Emmanuel Macron se fixe comme objectif de couvrir la France en « haut et très haut débit d’ici fin 2020 ». A nuancer sur le volet fibre.
Le très haut débit en France arrivera plus vite mais ce ne sera pas forcément de la fibre optique. C’est l’engagement d’Emmanuel Macron lors de son discours de clôture de la Conférence nationale des territoires.
On attendait une réactualisation du Plan France THD après son arrivée à la Présidence de la République. Le calendrier est donc accéléré. On oublie l’échéance 2022. La France entière sera couverte « en haut et très haut débit d’ici la fin de l’année 2020 », a assuré Emmanuel Macron lors de son allocution devant les élus des collectivités territoriales.
« Je souhaite encore accélérer le calendrier afin de parvenir à une couverture en haut et très haut débit d’ici à la fin de l’année 2020 » et « non plus 2022 », a déclaré le chef de l’Etat.
L’échéance 2022, c’est trop parce qu’Emmanuel Macron ne serait « pas sûr » en la maintenant d’être « en situation parfaite de pouvoir en répondre », au moment de la fin de son mandat, selon les éléments rapportés par l’AFP.
Deux ans gagnés, toujours bon à prendre mais l’engagement inclut des concessions non négligeables.
Lors de son allocution, Emmanuel Macron a enterré la promesse de la fibre pour tous. « Intenable technologiquement et financièrement », tranche le Président de la République.
Il évoque des technologies alternatives d’accès comme les cellules Femto ou l’Internet par satellite.
Le chef de l’Etat dresse un constat de déploiements du très haut débit qui ne ne sont pas assez rapides. A regret, il a évoqué le rôle des opérateurs qui « rechignent encore dans les endroits qui sont les moins rentables ».
« Nous devons donc, d’ici à la fin de l’année, prendre des mesures nouvelles d’incitation et de contrainte à l’égard des opérateurs de téléphonie. »
Dans son discours, il assure que l’Etat « affectera une part du grand plan d’investissement [de 50 milliards d’euros] à cette priorité [le déploiement du très haut débit] pour, là où c’est nécessaire, là où des carences seront constatées, se substituer aux opérateurs défaillants ».
Sur LCI, Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, a pris le relais de la parole présidentielle.
« Nous avons mis les opérateurs déjà en face de leurs responsabilités, ils vont nous faire des propositions (…) En fonction de l’ensemble de ces propositions, dans le cadre du grand plan d’investissement, l’Etat mettra les moyens nécessaires pour boucler le dossier (…) pour 2020. »
Fibre : SFR s’engage « sans subvention publique »
Parallèlement, SFR (groupe Altice) a annoncé la semaine dernière sa volonté de « d’investir massivement » pour déployer la fibre sur tout le territoire, d’ici à 2025, sans subvention publique.
Au-delà de son « engagement depuis 2015 dans le financement du Très Haut Débit fixe et mobile en France » (un investissement évalué à plus de deux milliards d’euros par an), l’opérateur crée Altice Infrastructures, une société dédiée au déploiement de la fibre qui a vocation à déployer la fibre dans 80 % du territoire fibré d’ici 2022 et 100% d’ici 2025 « sans subventions publiques ».
Dans une interview accordée aux Echos en date du 11 juillet (c’est-à-dire avant l’intervention du Président de la République), Michel Paulin, Directeur général de SFR, va plus loin : « Nous ferons économiser 8 à 15 milliards d’euros au budget de la France ».
L’investissement de SFR dans les réseaux THD est censé s’accélérer : deux milliards d’euros par an.
Le patron de SFR parle bien de moderniser moderniser à terme la partie terminale de ce réseau déjà fibré (hérité de Numericable), pour offrir de la fibre de bout en bout.
« Nous sommes prêts à travailler avec Orange pour encore accélérer ce déploiement. A terme, nous détiendrons l’intégralité de nos infrastructures », assure Michel Paulin.
Une conférence de presse SFR est prévue demain (19 juillet) en début d’après-midi à Paris à ce sujet, avec la participation de Michel Combes, CEO du groupe Altice.
A retenir également mais dans l’agenda du Sénat cette fois-ci : la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable organise aussi en matinée une table ronde sur la couverture numérique du territoire avec des représentants de l’Agence du numérique, de l’ARCEP, des quatre opérateurs (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Iliad-Free).
A lire également dans l’édition du jour sur Silicon.fr : « Le THD pour tous dès 2020 : mais de quel débit parle-t-on ? » (avec Etienne Dugas, président de la Fédération des industriels des réseaux d’initiative publique, FIRIP)