Tribune Erik Van Rompay – PNO Consultants : Y a-t-il un chauffeur dans la voiture autonome ?

Tout comme en 1900, nous sommes à la veille de l’introduction d’une innovation de rupture avec la « voiture autonome » et, comme à cette époque, les initiatives se lancent dans tous les pays.

En 1900, le slogan était la voiture sans chevaux… en 2015, le slogan est devenu la voiture sans chauffeur.

La France, en tant que pionnière dans le domaine de l’automobile, ne peut pas rester en retrait de ce défi. En effet, tout le monde se rappelle de ces ingénieurs novateurs, que sont André Citroën, Armand Peugeot et les 3 frères Renault.

Et même si certaines marques françaises ont aujourd’hui disparue (Hotchkiss, Panhard…) ou ont été intégrées dans des groupes tels que Bugatti, Alpine, Simca, Talbot, Matra… avec une France qui continue à innover.

Le changement va être radical. Plus besoin d’avoir un permis de conduire (donc plus d’auto-écoles) et plus de chauffeurs de taxi ni de chauffeurs Uber. Très peu de camionneurs sur la route et nous pourrons à nouveau utiliser le téléphone dans la voiture comme personne n’est au volant !

Et tout ceci en 2020… même pas 5 ans.

Mais la concurrence industrielle est rude…

Les Pays-Bas vient d’autoriser ce mois-ci les tests de véhicules autonomes dans la circulation allant d’un point A à un point B.

L’objectif du gouvernement néerlandais est de pouvoir fournir dès 2020 des voitures autonomes au grand public.

Au démarrage, le périmètre sera limité aux autoroutes, mais très vite élargi aux villes et aux routes de campagne.

Les Pays-Bas espère bénéficier d’un avantage concurrentiel via ses centres de recherche mais également via des sociétés de GPS (TomTom, Mapscale, NXP) et des nombreux intégrateurs de capteurs intelligents.

Les Pays-Bas prendra aussi la présidence de l’Union Européenne début 2016, ce qui lui permettra de pousser ce sujet sur l’agenda Européen.

De son côté, le Royaume-Uni a investi 27 millions d’euros et a créé un centre dédié aux véhicules connectés autonomes.

Le Canada a alloué un budget de 71 millions d’euros sur 5 ans et a construit sur le campus de l’université de Michigan une « ville fantôme » pour tester, en conditions réelles, ces véhicules autonomes.

Quant aux Etats-Unis, il n’est plus nécessaire de présenter la fameuse Google Car, qui ne représente pourtant qu’un projet parmi beaucoup d’autres en cours sur le sol américain.

La Google Car reste néanmoins la référence dans le domaine d’autant que ce projet est le tout premier, puisque les tests sur circuit ont commencé en 2010.

Le projet de Google a donc beaucoup d’avances par rapport aux initiatives de nos industriels, qui restent très peu visibles.

Il est vrai que le gouvernement français a annoncé début 2015 l’appel à projets « Véhicule routier et mobilité du futur » pour lancer la France dans cette compétition.

Cet appel à projet reste néanmoins très générique et la voiture autonome n’est pas le cœur de cible de cette action.

Pour que la France soit à nouveau un leader dans ce domaine il faut :
1. Une plus forte coopération entre le gouvernement, les institutions de recherche et les entreprises ;
2. Un cadre commun garantissant l’interopérabilité des systèmes pour sortir de la logique des protections intellectuelles et industrielles bloquantes ;
3. Un terrain d’expérimentation commun, tel qu’une « ville fantôme » en France utilisable par l’ensemble de nos constructeurs européens, permettant d’accélérer ce processus de mutualisation ;
4. Une optimisation des infrastructures pour une introduction massive de ces véhicules sans chauffeur.
5. Une adaptation des lois et des actions de communication pour préparer la population à ces changements fortement impactant .

Pour réussir cette course folle vers le succès du secteur automobile française… il faut un chauffeur.

Mais qui sera donc ce pilote français pour nos véhicules sans chauffeur ? Une idée ?