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Tribune libre (CFE-CGC) : les questions soulevées par la candidature UMTS de Free

L’appel à candidature pour exploiter le quatrième réseau 3G (UMTS) en France a été publié le 8 mars 2007 au Journal Officiel, sous l’impulsion de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) et du gouvernement précédent. Le 31 juillet, date limite pour se déclarer officiellement candidat, seul le groupe Iliad/Free a déposé un dossier. Sachant que cette candidature est assortie d’une demande de « conditions préférentielles « .

Est-il raisonnable qu’il y ait un 4ème opérateur sur le marché français ? Des conditions préférentielles sont-elles légitimes ? L’accroissement permanent de la concurrence, quelles qu’en soient par ailleurs le coût social, bénéficiera-t-il in fine aux consommateurs ? Telles sont les questions qui nous paraissent légitimes à poser.

Tribune libre proposée par Sébastien Crozier et Pierre Morville, respectivement président et délégué syndical central du syndicat CFE-CGC de France Telecom. Oubliées, les contraintes de l’aménagement du territoire?

Examinons les conséquences de l’entrée d’un quatrième opérateur. Tout d’abord, ce dernier, arrivé tardivement, concentrera ses investissements dans des infrastructures là où les opportunités de clientèles existeront, c’est-à-dire dans les zones à forte densité. Les « zones blanches » déplorées par les pilotes de l’aménagement du territoire seront-elles mieux couvertes ? La France compte seulement 100 habitants au km2 (400 h. aux Pays Bas), la plus faible densité d’Europe avec l’existence par ailleurs de très fortes disparités sur le territoire national. Les règles européennes en vigueur répondent mal à cette particularité.

L’aménagement du territoire reste pourtant un enjeu essentiel. Sur l’ADSL, le phénomène de disparité est déjà bien connu. Free est-il disponible en Lozère ? Non, seul l’opérateur historique couvre l’ensemble du territoire national au tarif unique imposé par l’Arcep, supérieur à celui pratiqué par tous ses concurrents. Le résultat est simple : la part de marché de FT est inférieure à 20% dans les villes et de 80% dans le reste de la France, à l’inverse des opérateurs concurrents (Free, Neuf Télécom..). Veut-on arriver à la même situation, un téléphone mobile peu cher pour les citadins et coûteux pour les ruraux ? On serait loin alors de la péréquation républicaine du tarif unique pour le timbre ou l’appel téléphonique.

Autre conséquence de l’arrivée d’un 4ème opérateur, le coût de l’acquisition du client va flamber. Pour acquérir des clients afin d’atteindre une taille critique, l’opérateur finalement retenu n’aura d’autre choix que de dépenser sans compter en achats publicitaires. Il en résultera une augmentation sensible du coût d’acquisition du client pour l’ensemble des acteurs. Ce qui rend peu crédible l’assurance d’une baisse durable du prix pour l’ensemble des consommateurs, à moins que les salariés du secteur en fassent une fois de plus les frais via les licenciements, les déqualifications et les délocalisations.

Enfin, le profil du candidat Free fait surgir quelques questions. Les indéniables succès de cette entreprise ne peuvent laisser dans l’ombre sa fragilité capitalistique au nom de laquelle d’ailleurs, cet opérateur réclame un ticket d’entrée plus favorable sur le marché de l’UMTS. Que se passera-t-il si Free fait par exemple l’objet d’une acquisition par Deutsche Telekom ou Telefonica ? Hypothèses qui n’ont rien de fantaisistes. Peut-être des négociations dans ce sens sont-elles déjà en cours ? Les conditions préférentielles obtenues seraient-elles alors maintenues ? Le consommateur a bon dos

Le dogmatisme libéral s’était récemment illustré avec la suppression du vénérable service public du 12 par les innombrables 118 XXX (une bascule s urvenue en avril 2006). A la suite d’une décision du Conseil d’Etat, il a ainsi été mis fin à l’ancienne organisation du marché des renseignements où l’opérateur téléphonique offrait le service à l’abonné. En quelques mois, il a été procédé, soit-disant dans l’intérêt de ce dernier, au remplacement des 12, 712, 612, 222 et autres services par une flopée de numéros 118 XXX.

Pour quels résultats ? Malgré une déferlante publicitaire sans précédent, le trafic a baissé de 30%. Le consommateur a vu les prix multipliés par deux et la qualité notablement diminuer. Des milliers d’emplois de téléopérateurs ont été délocalisés à l’étranger pour maximiser les profits des rares acteurs du renseignement qui sont sortis indemnes de ce merveilleux appel à la concurrence. Qui en sort gagnant ?

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