Tribune libre : Facebook est-il vraiment « too big to fail » ?

L’introduction en bourse de Facebook a monopolisé l’attention de tous les médias en fin de semaine dernière.

S’il est évidemment trop tôt pour tirer un quelconque bilan de cette IPO, avec une valorisation de l’ordre de 104 milliards de dollars, il n’en reste pas moins que les chiffres sont vertigineux, pour ne pas dire historiques.

Mais au-delà de l’aura dont bénéficie le réseau social, nous pouvons nous interroger sur ses atouts et les difficultés qu’il pourrait rencontrer à faire durer son état de grâce.

Facebook, la publicité, et après ?

Facebook tire principalement ses revenus de la publicité. Comme Google.

Si vous êtes l’un de ses 900 millions d’utilisateurs, vous avez peut être remarqué lorsque vous vous connectez avec votre navigateur favori, que les publicités sont, dans l’ensemble, peu attractives et mal ciblées.

D’ailleurs, les performances de Facebook comme support publicitaire sont loin de satisfaire l’ensemble de ses clients.

Ainsi, General Motors a affiché récemment une diminution importante du budget alloué à Facebook invoquant son « manque d’efficacité ».

Aller plus loin au niveau du ciblage publicitaire constitue un écueil potentiel important pour une société qui a déjà beaucoup fait parler d’elle pour sa relation floue avec la confidentialité des données, jugée un peu trop laxiste.

De plus, de nombreux utilisateurs confient leurs données, parfois à leur insu, à des applications Facebook.

Ce portefeuille d’applications constitue pour Facebook une source de valeur potentielle immense sans qu’elle soit directement « bankable » pour la société.

C’est toutefois un vivier dans lequel Facebook pourra se servir lorsque sera venu le temps de faire des choix stratégiques.

Facebook va devoir être extrêmement vigilant et innover pour trouver l’équilibre entre l’hyperciblage et la protection de la vie privée de ses utilisateurs.

Une base d’utilisateurs monstrueuse et une adoption immédiate

L’ensemble des applications mobiles, des blogs, des sites e-commerce, ont déjà adopté les fameux boutons « like » et permettent souvent une authentification « Facebook Connect », permettant à l’éditeur du site ou de l’application de récolter du même coup des données sur ses utilisateurs.

Mais cette adoption massive, où chaque application essaye de gagner en visibilité en permettant à ses utilisateurs de partager leur expérience, est aussi génératrice d’un contenu abondant qui aboutira de manière inévitable à un phénomène de saturation.

Les performances de Facebook en tant qu’outil de génération de trafic et de publicité ont donc de forts risques de diminuer dans le temps.

Des applications comme « Spotify » en ont bénéficié largement, mais cela n’est pas reproductible à l’infini et faire des extrapolations sur la base des performances d’aujourd’hui ne peut que conduire à des désillusions.

Le rôle de l’Open Graph

En plus de sa base d’utilisateurs colossale, Facebook dispose d’un autre atout majeur : l’Open Graph.

En un mot, en demandant aux créateurs de sites et d’applications d’adopter l’Open Graph Protocol, Facebook instrumentalise le Web et construit une base de données qui stocke l’ensemble des liens d’affinité entre chaque utilisateur et des éléments de contenu.

Cette connaissance fine, multi-dimensionnelle est un atout extrêmement important pour doter Facebook de capacités de recherche personnalisées et pour cibler au mieux les publicités selon les centres d’intérêt des utilisateurs.

(Lire la fin de la tribune page 2)

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