Tribune libre : Fête de la musique : fête de l’oreille ?

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A l’occasion de la Fête de la musique, le docteur Patrick Petit, O.R.L, rappelle qu’il est nécessaire de prendre conscience qu’écouter la musique trop fort représente un vrai danger pour nos oreilles.

Des signes annonciateurs de souffrance de l’oreille existent-ils ?

Qui n’a pas connu cet inconfort à la sortie d’une discothèque ou après un concert, cette phase pendant laquelle l’oreille vous témoigne de sa fatigue en sifflant ? Les fameux acouphènes disparaissent le plus souvent après une nuit de repos, parfois moins rapidement.

Le sifflement, le bourdonnement, le chuintement, appelez-le comme vous voulez, est la manifestation d’une atteinte toxique du contingent cellulaire de l’oreille interne. Derrière la satisfaction de constater une disparition des acouphènes, les dégâts sont malheureusement irréversibles. La plupart des scientifiques admettent aujourd’hui que parmi la génération MP3, les jeunes qui abusent des baladeurs et autres « casques » auront une presbyacousie (gêne auditive liée au vieillissement naturel de l’oreille) plus tôt que d’autres personnes du même âge

On passe ainsi d’un âge médian de 50-55 ans à un âge médian de 40-45 ans. Anticiper de 10 ans cet écueil sensoriel du fait d’une agression sonore régulière mérite sans doute une certaine hygiène.

Concrètement, quelle attitude adopter ?

Rappeler à nos adolescents le danger réel d’une écoute trop forte de la musique. Une enquête publiée en 2010 par une agence indépendante révèle que 30% des 14-17ans ignorent qu’une intensité de 100 dB est nocive et que l’écoute de plus de 2 heures sans interruption présente un risque certain…

L’information se doit d’être précise, régulière, forte. Il n’est pas question par un discours scientiste de devenir des « empêcheurs d’écouter en rond », mais le message doit être repris dans de nombreux médias, notamment ceux inhérents à la musique.

Rappeler également qu’il faut être à l’écoute de ses oreilles et que la persistance d’un acouphène au-delà de 48 heures après une exposition à un moment musical doit inciter à consulter un médecin O.R.L. afin d’établir un diagnostic et d’initier un traitement approprié.

Rappeler enfin que les sujets déjà touchés par une presbyacousie doivent envisager un suivi médical et s’équiper le plus tôt possible d’une solution auditive comme un assistant d’écoute ou une prothèse auditive.