Pour la deuxième année consécutive, Truffle Capital* a dévoilé devant les représentants de la Commission européenne les conclusions du Truffle 100 Europe, un classement des 100 premiers éditeurs européens, réalisé en partenariat avec les instituts d’étude CXP et IDC. Objectif : « analyser et quantifier l’industrie européenne du logiciel », explique Bernard-Louis Roques, directeur général de Truffle Capital. Avant d’insister sur le fait qu’il s’agit d’un secteur « stratégique » employant « environ 175 000 salariés, principalement localement ».
« Le logiciel est le segment qui croît le plus vite au sein du secteur des nouvelles technologies de l’informatique et de la communication », se réjouit de son coté Viviane Reding, commissaire européen chargée de la société de l’information et des médias, qui a assisté à l’évènement à Bruxelles.
Et pourtant, le premier constat qui s’impose à la lecture de l’édition 2007 du Truffle 100 est clair. Le Vieux continent reste à la traîne par rapport aux Etats-Unis, dont les éditeurs « dominent largement le marché », reconnaît Bernard-Louis Roques. Le chiffre d’affaires « logiciel » cumulé des 100 premiers éditeurs européens atteint cette année 22 milliards d’euros. Il a gagné 6,6% par rapport à 2006 (il s’élevait alors à 20,7 millards d’euros). Mais il n’en reste pas moins inférieur à celui de Microsoft, qui a engrangé à lui seul 44,2 milliards de dollars de revenus sur son dernier exercice (soit 30,3 milliards d’euros au cours actuel).
France : 26 éditeurs et 16,6% des revenus
« Dans le top 5 des éditeurs mondiaux, il n’y a qu’un Européen », regrette Jean-Pierre Brûlard, vice-président européen de Business Objects et président du comité éditeurs du Syntec informatique, tout en estimant qu’il s’agit d’une industrie « solide » mais « concentrée ».
Le CA cumulé des éditeurs allemands compte pour 48,2% du total des revenus générés cette année, contre 19,4% pour les Britanniques, 16,6% pour les Français et 8% pour les éditeurs provenant des pays nordiques (Suède, Norvège, Finlande et Danemark). A lui seul, le conglomérat SAP pèse par ailleurs 36% du chiffre d’affaires de tous les éditeurs réunis, avec un chiffre d’affaires de 9,4 milliards d’euros sur son dernier exercice.
Que les Français se rassurent, l’Hexagone compte tout de même 26 représentants parmi les 100 éditeurs du classement, devant le Royaume-Uni (25), l’Italie (7) et l’Allemagne (11). Deux éditeurs français figurent aussi au top 5 : Dassault Systèmes (1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2006) et Business Objects (994 millions d’euros). Mais cet éditeur – apprend-on – figure pour la dernière fois au classement français à la suite de son entrée dans le giron de SAP.
L’édition 2007 du Truffle 100 compte également plusieurs nouveaux entrants français, dont Coheris (22,9 millions d’euros), Bodet (21,5 millions d’euros), Prologue (27 millions d’euros) et Generix, qui parvient à la 61ème position du podium à la suite du rachat d’Influe-Illicom fin 2006 (ce dernier occupait précédemment la 98ème place).
Autres performances recensées : Cegid passe de la 18ème à la 17ème place, GL Trade se maintient en 19ème position, tandis que Sopra (détenteur d’Axway) passe de la 31ème à la 24ème position. Ilog grignote lui trois points cette année et arrive à la 30ème place, GFI le suit de près (il pointe à la 31ème position, +1 depuis 2006), devant Cartesis (38ème position, +2 points) ou encore Avanquest Software (45ème position, +3 points).
L’open source se développe, mais pas ses revenus
Du coté de la Commission, Viviane Reding insiste quant à elle sur les segments les plus porteurs actuellement, dont les logiciels en ligne (« software-as-a-service« ). Elle estime qu’ils devraient « progressivement remplacer les logiciels ‘packagés’ traditionnels », un créneau sur lequel le Vieux continent n’est « pas un leader » mais pas pas « mauvais » pour autant, juge-t-elle.
La nécessité de capitaliser sur l’« open source » retient aussi toute son attention. « 77% des développeurs open source sont basés en Europe mais 90% des bénéfices économiques liés à l’open source sont captés par des sociétés extra-européennes. Le libre peut être une opportunité. Ou ça peut ne pas l’être si nous nous refusons à agir », résume-t-elle. Avant de s’étonner : « Pourquoi est-ce que nous n’aurions pas à la fois les cerveaux et les gains? ».
Tous secteurs confondus, elle lance enfin un appel aux éditeurs : « la croissance de l’industrie passera par une plus grande maturité technique et légale ». Elle nécessite de se concentrer sur des outils de test logiciels « plus robustes » et sur « l’interopérabilité » des solutions, en respectant des « standards ouverts ».
En complément de cet article sur le classement Truffle 100, Vnunet.fr présentera dans l’édition de demain les propositions des éditeurs présents à Bruxelles pour faciliter leur croissance en Europe.
* Ndlr : Truffle Capital est actionnaire de la société NetMediaEurope, éditeur de Vnunet.fr.
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