Truffle 100 : les éditeurs de logiciels s’accrochent même si la Bourse ne suit pas
La nouvelle mouture du palmarès Truffle 100 des éditeurs de logiciels montre une dynamique renouvelée mais les introductions en Bourse se font rares.
Indéniablement, la croissance du marché logiciel passe par la dynamique du cloud. En revanche, les leviers de financement des éditeurs manquent de souffle.
Pour la douzième édition du Truffle 100 France qui sert d’observatoire des 100 premiers éditeurs de logiciels en France sur l’année 2015 (édité par la société de capital-risque Truffle Capital et le cabinet conseil en logiciels CXP), on observe des mouvements structurels sur le marché et des évolutions dans le classement des éditeurs de logiciels.
Parmi les bonnes nouvelles, pour la huitième année consécutive, le chiffre d’affaires global demeure en hausse de 8,4% à 12,8 milliards d’euros. Et la part édition logicielle suit la même tendance : +13,6% à 7,5 milliards d’euros.
Le résultat net progresse nettement (à 1,1 milliard d’euros) et les investissements R&D semble reprendre un nouvel élan (à plus d’1,1 milliard d’euros là aussi, soit une hausse de 15%) sur fond de migration sectorielle vers des services cloud facturés à l’abonnement. Même si le modèle économique classique des licences logicielles reste prégnant en termes de maintenance sur sites.
Qui est influent dans ce classement rafraîchi des éditeurs de logiciels ? Cinq acteurs se distinguent car ils concentrent 54% du business software : le premier indétrônable Dassault Systèmes représente à lui-seul 33,7% du chiffre d’affaires Edition.
Pour le reste du top 5, ça bouge un peu : le groupe SSII Sopra Steria monte en deuxième position (fruit d’un rapprochement entre Sopra et Steria qui porte ses fruits), devant Murex (éditeur de solutions financières qui fête ses 30 ans cette année).
Cegedim (santé) perd deux places pour se retrouver numéro 4 après la cession de sa division « CRM et données stratégiques » à IMS Health tandis qu’Axway (gestion des flux de données) conserve la 5ème place.
Sur l’ensemble du classement, quelles sont les grandes fluctuations observées ? 24 éditeurs sur 100 ont progressé dans le classement (contre 60 en 2014), 9 ont conservé leur place (stable) mais 60 ont perdu au moins une place (22 en 2014).
Notons que 7 sociétés sont sorties du classement, dont Dictao (produits logiciels de signature et de validation de signature électronique) tombé dans le giron de Morpho (propriété du groupe Safran) et Ordirope (ERP, CRM, e-business) qui a basculé chez GFI Informatique (d’ailleurs, le numéro 9 du Truffle 100 passe sous contrôle qatari).
L’année prochaine, il faudra donc s’attendre encore à des changements de propriétés importants susceptibles d’impacter le Truffle 100.
Avec en particulier Cegid (en sixième position cette année) qui vient d’être acquis par les fonds anglo-saxons AltaOne et Silver Lake.
L’ancrage sectoriel dans le cloud est inéluctable : 74% des éditeurs du Top 100 disposent désormais d’une offre en SaaS (contre 68% il y a un an).
D’autres tendances technologiques sont à surveiller comme l’Internet des Objets qui aura besoin à la fois de hardware (capteur) et de software (pour le monitoring des données collectées par exemple), le big data et les services mobiles pros de plus en plus performants.
Un problème de valorisation boursière des éditeurs de logiciels
En guise de commentaires personnalisés sur la livraison du Truffle 100 fournis à ITespresso.fr et Silicon.fr, Bernard-Louis Roques, co-fondateur et Directeur général chez Truffle Capital, a exprimé des inquiétudes sur le comportement des marchés boursiers peu enclins à accompagner les éditeurs logiciels.
Certes, en France, Wallix (pare-feux applicatifs) est arrivé sur Alternext en juin 2015. Tout comme Witbe (monitoring des réseaux pour améliorer l’expérience utilisateur des services vidéo) qui vient de franchir le cap de la Bourse ce mois-ci. Mais le vivier de candidats dans le software en vue d’une IPO s’est tari.
« Le cas de Cegid le démontre, c’est le problème de la valorisation boursière. En l’état actuel, il y a moins de sociétés en Bourse présentes dans le Truffle 100 qu’il y a 4 ans [25 actuellement contre 33 en 2012, ndlr] et on recense davantage de sorties de Bourse que d’introductions », commente Bernard-Louis Roques. « C’est ennuyeux car la Bourse est censée jouer un rôle dans le financement des éditeurs. »
Notre interlocuteur poursuit : « Il n’y a pas assez d’investisseurs en Bourse. Du coup, les sociétés ne sont pas assez valorisées. »
Selon le représentant de Truffle Capital, « il est urgent d’y remédier en drainant une partie de l’épargne, si massive dans les contrats d’assurance-vie ou autres PEA, vers les sociétés innovantes ».
Même si le PEA-PME a émergé, Bernard-Louis Roques considère que son application trop large dessert finalement la cause des éditeurs software.
*Full disclosure : Truffle Capital est l’actionnaire majoritaire de NetMediaEurope, éditeur d’ITespresso.fr
Méthodologie du palmarès (Source : Truffle Capital) : Le palmarès Truffle 100 est réalisé à partir d’une enquête par questionnaire et sur la base des données transmises par chaque entreprise participante (et/ou complétées parfois « par des sources extérieures »). L’ensemble du palmarès et tous les éléments sur le questionnaire de participation est accessible sur le site dédié : www.truffle100.fr.
(Crédit photo illustration : Shutterstock.com – Droit d’auteur : Kirill Wright)