Truffle Capital : après un incubateur FinTech, un fonds dédié arrive
La société de capital-risque Truffle Capital érige un fonds FinTech de 150 millions d’euros. Elle dispose déjà d’un socle de start-up sur ce segment : Smile&Pay, Wizypay, Crédit.fr et PayTop.
Truffle Capital * est en train de monter une levée de fonds de 150 millions pour monter un véhicule d’investissement spécial FinTech et AssurTech.
Patrick Kron, Président de Truffle Capital depuis novembre 2016, et Bernard-Louis Roques, co-fondateur du fonds de capital-risque en charge du numérique, ont présenté cette initiative en faisant le tour des start-up ayant intégré son incubateur dédié à la finance et aux nouvelles technologies.
« Le premier closing devrait intervenir dans les mois qui viennent », a précisé Patrick Kron.
Des précisions sur la configuration ont été fournies : Truffle veut réaliser des investissements d’un montant situé dans une fourchette 5 à 20 millions d’euros dans une quinzaine de start-up européennes au maximum jugées « à fort potentiel » (en fonction de leurs technologies et/ou de leurs modèles économiques). Tout en essayant de disposer d’emblée « d’un statut d’actionnaire de référence » pour assumer le rôle « d’entrepreneur-investisseur » traditionnellement endossé par le fonds d’investissement.
De son côté, Bernard-Louis Roques a évoque l’opportunité de business que représente le secteur Fintech. « Depuis trois ans, la brèche est ouverte, le marché s’ouvre et la course est lancée », évoque le co-fondateur de Truffle Capital.
Selon des sources comme KPMG et Accenture, on parle d’un domaine dont les investissements sont passés dans le monde de 15 milliards de dollars en 2015 à presque 25 milliards de dollars en 2016. Les socles ou briques technologiques sont identifiés : big data, intelligence artificielle, analyse prédictive, blockchain, Internet des Objets, Mobile & Cloud voire cybersécurité.
En France, ce marché FinTech était embryonnaire il y a trois ans (22 millions d’euros en 2014). Son influence a grandi : 472 millions d’euros.
« En termes d’usages, la France est en retard. Alors que 80% des Chinois utilisent un service FinTech/InsurTech au quotidien. Nous ne sommes pas encore familier mais ça va changer », considère Bernard-Louis Roques.
Le manager en charge du numérique chez Truffle Capital considère que « l’Ile-de-France a vocation à occuper une place centrale au niveau européen voire au niveau mondial » dans le secteur de la FinTech.
Le Brexit (sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne) est perçu comme une opportunité. « Nous voyons des conséquences déjà très concrètes qui bénéficient aux sociétés en Europe continentale », commente Bernard-Louis Roques.
« Il existe une incertitude sur les start-up FinTech britanniques, qui agit comme une épée de Damoclès : dans trois ans, pourront-elles travailler en Europe ? A travers notre levée de fonds, nous pourrons aider des sociétés installées au Royaume-Uni qui voudront se relocaliser en Europe continentale car le marché est plus important. Nous avons des contacts dans ce sens. »
La vie des 4 start-up du Truffle Incubator
Inauguré en juin 2015, le Truffle Incubator a intégré quatre start-up dans son portefeuille. Soutenue par Renaud Dutreil, Smile & Pay commercialise un package de paiement mobile entre un mini-terminal de paiement électronique et le smartphone pour encaisser et valider la transaction (2500 lecteurs vendu à fin 2016).
PayTop a pivoté mi-2016 : initialement orientée grand public visant les voyageurs rencontrant des problématiques de conversions de devises, elle est devenue un fournisseur de solutions technologiques de paiement en marque blanche pour les banques digitales).
Crédit.fr continue sa percée dans le crowdlending qui a financé 169 projets d’emprunts pour les TPE-PME pour un montant de presque 10 millions d’euros depuis sa création. La plateforme a signé un partenariat avec Hello bank (BNP Paribas) en septembre 2016.
Tandis que Wizypay surfe sur le prépayé pour effectuer des achats sur le Web et sur la dématérialisation des titres-restaurants (avec une déclinaison blockchain développée avec l’INRIA et une université en Alsace).
En complément (mais on s’éloigne de la FinTech pure et dure), Hervé Malinge, CEO de Makazi, est venue présenter sa solution DMP (Data Management Platform) fondée sur une exploitation big data et destinée aux responsables marketing.
A travers deux business cases (Amaguiz.com/Groupama et April), le manager a expliqué comment l’analyse prédictive permettait de détecter des comportements de risque de churn (le scénario d’un client qui semble vouloir partir vers la concurrence, comment le rattraper ?) ou de pousser la bonne offre au bon moment (cross-selling avec des messages personnalisées).
Quant à Nicolas Gagnez, il est venu présenter le portefeuille de solutions de sécurité applicative DenyAll (que Truffle a récemment cédé à la division cybersécurité du groupe allemand Rohde & Schwarz).
Libéré de son mandat du côté de DenyAll, ce senior advisor du fonds d’investissement va désormais épauler PayTop et son P-DG Julien Letourneux (ex-Binck.fr et ING Direct) dans son nouvel ancrage « FinTech BtoB ».
*Full disclosure : Truffle Capital est propriétaire du groupe NetMediaEurope, éditeur d’ITespresso.fr
(Source photo : Philippe Guerrier/NetMediaEurope : Patrick Kron, Président de Truffle Capital, et Bernard-Louis Roque