Twitter trop curieux avec les messages privés ?
Twitter fait face à une class action aux États-Unis. Le réseau social ferait preuve de largesses dans la gestion des messages privés entre utilisateurs.
Wilford Raney n’apprécie pas la manière dont Twitter traite les messages privés que s’envoient ses utilisateurs.
Ce résident du Texas cherche à monter une action de groupe contre le réseau social. Sa plainte a été reçue lundi 14 septembre par la cour de district fédérale de San Francisco.
Principal chef d’accusation : Twitter intercepte, consulte et altère systématiquement les messages privés des utilisateurs… sans demander expressément leur consentement, alors même que ces conversations sont censées avoir un caractère privé, par opposition aux tweets.
Les algorithmes exploités à ces fins servent notamment à raccourcir les liens hypertexte via le service « maison » de Twitter : t.co.
Dans les conditions d’utilisation de la plate-forme, on peut lire que cette pratique permet de « limiter le nombre de caractères » dans un message et de « faire remonter des contenus plus pertinents », tout en offrant une protection contre les sites malveillants, t.co vérifiant « tous les liens ».
Pour Wilford Raney, Twitter oublie une partie de l’équation : son « raccourcisseur » de liens lui permet également de déterminer les centres d’intérêt des twittos, en complément à l’analyse de mots-clés et de sentiments.
t.co constitue surtout un précieux faire-valoir auprès des éditeurs et des annonceurs, qui peuvent ainsi savoir que les visites sur un site Web donné proviennent de Twitter.
Principal souci selon le plaignant : ces pratiques ne sont pas appliquées qu’aux tweets, publics par nature ; elles le sont aussi pour les messages privés, et ce de façon très opaque. A tel point que l’expéditeur, comme le destinataire, ne voit à aucun moment le lien en t.co : Twitter est paramétré pour afficher le lien original.
Bilan : des utilisateurs sont ciblés sur la base d’informations qu’ils ne mettraient pas forcément dans un tweet. Ce qui entrerait en contradiction avec l’Electronic Communications Privacy Act des États-Unis et avec l’Invasion of Privacy Act du code pénal de Californie.
Tous les Américains ayant reçu ou envoyé au moins un message privé depuis leur inscription sur Twitter sont invités à rejoindre cette class action. Wilford Raney se dit confiant en la capacité de la justice à statuer d’un préjudice de plusieurs dizaines de dollars par jour pour chaque internaute dont la vie privée aura été reconnue comme violée.
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