Le marché chinois, une priorité stratégique pour Uber ?
Émergence des classes moyennes, augmentation du nombre de véhicules en circulation sur les routes du pays, saturation des réseaux de transport public : l’entreprise américaine estime que toutes les conditions sont réunies pour un développement rapide de son activité.
Dans une lettre aux actionnaires (document PDF, 5 pages) repérée par le Financial Times, le CEO Travis Kalanick fait montre d’ambition, tout en annonçant la couleur : ses services de mise en relation de chauffeurs particuliers et de passagers – segment VTC – ne pourront s’imposer que sur le long terme.
Et de lourds investissements seront nécessaires pour parvenir à ces fins : plus d’un milliard de dollars rien qu’en 2015.
C’est justement le montant qu’Uber pourrait lever dans le cadre d’un tour de table qui s’ouvrira officiellement le 22 juin. Une opération qui se déroulerait en parallèle de celle lancée il y a quelques semaines et qui pourrait permettre à la « pépite Internet » californienne de réunir 1,5 milliard de dollars – pour une valorisation estimée à 50 milliards.
Dans sa communication, Travis Kalanick ne tarit pas de chiffres pour illustrer la puissance de feu d’Uber en Chine. Avec désormais près d’un milliard de trajets enregistrés chaque jour (à comparer aux 100 000 que le New York Times annonçait en début de semaine), le marché dépasserait les Etats-Unis avant la fin de l’année. Impressionnant quand on sait que le cap du million de trajets quotidiens dans le monde avait été atteint en décembre 2014, comme le note TechCrunch.
A l’heure actuelle, les services d’Uber couvrent 11 villes, pour un potentiel de 14 millions de personnes. L’objectif à terme est de s’implanter dans une cinquantaine d’agglomérations supplémentaires.
Divers partenariats ont été noués à cet effet. Notamment avec Baidu, qui a pris une part minoritaire au capital d’Uber, tout en lui garantissant de la visibilité dans ses principaux services, dont son moteur de recherche et son outil de cartographie.
Si Uber revendique près de 50 % du marché chinois du transport léger de particuliers hors taxis, plusieurs études suggèrent que son influence est encore limitée… si l’on inclut justement les applications de réservation de taxis, un segment détenu à plus de 95 % par Didi Kuaidi, société qui résulte de la récente fusion de Didi Dache et Kuaidi Dache (source Analysis International).
Parmi les autres statistiques fournies par Travis Kalanick sur l’activité en Chine, on notera ces « 100 000 emplois créés » par mois. Le CEO et fondateur d’Uber gère directement le business développement dans cette zone géographique devenue, à l’en croire, « la priorité numéro un ».
Le dirigeant se montre par ailleurs agressif vis-à-vis de la concurrence, « aidée par certains acteurs du marché ». Ainsi le groupe Internet Tencent aurait-il bloqué les comptes officiels d’Uber sur son service de messagerie instantanée WeChat, leader dans le pays. Des chauffeurs de taxis auraient en outre été « payés pour manifester ». Et dans le même temps, de faux SMS auraient été envoyés aux chauffeurs d’Uber pour leur faire croire que l’entreprise arrêtait son activité en Chine.
Crédit photo : Evan Lorne – Shutterstock.com
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