Uber vs Didi Kuaidi : un « combat à mort » en Chine ?
Certains analystes estiment qu’il n’en restera qu’un. Uber et Didi Kuaidi se rendent coup pour coup dans l’optique de conquérir le marché chinois.
La température monte en Chine entre Uber et la concurrence locale, emmenée par… Didi Kuaidi, groupe né en début d’année de la fusion de Didi Dache et Kuaidi Dache.
Les deux sociétés se livrent coup pour coup dans ce que certains analystes qualifient déjà de « combat à mort ». En quelques mois, elles ont multiplié les levées de fonds, baissé à plusieurs reprises leurs tarifs et augmenté la rémunération de leurs chauffeurs.
Sur ce dernier point, Uber accorde des primes plutôt alléchantes aux heures de pointe pour s’assurer que l’offre satisfasse toujours la demande. Le bonus en question iraient jusqu’à 230 % de la rémunération standard : le chauffeur peut donc recevoir deux fois plus que ce que paie réellement le passager.
Un conducteur sur place, interrogé par l’Australian Financial Review, fournit quelques détails supplémentaires : ceux qui réalisent au moins 25 trajets par semaine sont généralement augmentés de 110 % entre 7 h et 10 h du matin, de 80 % en soirée et de 60 % le week-end.
Ces pourcentages sont un peu plus élevés au-delà de 50 trajets hebdomadaires. Mais à mesure qu’Uber s’installe sur le territoire chinois, les rémunérations baissent : alors qu’il était encore envisageable de gagner 20 000 yuans (environ 2800 euros) par mois en début d’année, il faut désormais compter entre 10 000 et 12 000 yuans.
Didi Kuaidi a adopté un système similaire, avec toutefois des primes plus variables : elles sont globalement moins généreuses que chez Uber, mais peuvent atteindre des niveaux sans comparaison avec celles proposées par la société californienne.
Bilan : les deux rivaux vident leur portefeuille pour conquérir un marché sur lequel plus de 100 villes comptent au moins un million d’habitants… dont seulement 10 % possesseurs d’une voiture.
Du côté de Didi Kuaidi, on affiche des pertes de 500 millions de dollars sur les 5 premiers mois de l’année, selon des documents communiqués par le groupe lors de sa dernière levée de fonds.
Dans le même temps, Uber a prévu d’investir 1 milliard de dollars dans son développement en Chine d’ici à fin 2015. Dans l’absolu, la démarche paie : Chengdu, dans l’ouest du pays, concentre plus de trajets quotidiens en Uber que n’importe quelle autre ville du monde.
Accompagné par des « géants d’Internet » comme Tencent et Alibaba, Didi Kuaidi bénéficie aussi du soutien du fonds souverain China Investment Corporation.
Et le groupe chinois joue les alliances : après avoir investi, début septembre, 100 millions de dollars dans Lyft (concurrent d’Uber aux États-Unis), il vient d’annoncer être entré au capital d’Ola, application de réservation de taxis qui revendique la première place en Inde sur le transport privé de voyageurs, avec 750 000 trajets par jour – Uber vise pour sa part le million dans un délai de 6 à 9 mois.
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