Uber en France : du marketing en terre hostile ?
L’agence Marcel (groupe Publicis) pilote la campagne marketing lancée ce mercredi par Uber en France. Comment se présente la démarche ?
C’est un contrat à plusieurs centaines de milliers d’euros pour Marcel : l’agence de communication filiale du groupe Publicis va piloter la campagne marketing lancée par Uber pour ses 4 ans d’activité en France.
L’entreprise américaine, qui présente son offre comme une plate-forme de mobilité urbaine, revendique 12 000 chauffeurs et 1,5 million d’utilisateurs réguliers dans l’Hexagone, avec plus de 300 communes couvertes autour de 10 métropoles.
Dans l’absolu, c’est son deuxième marché après les États-Unis. Mais aussi l’un des plus délicats à conquérir*.
Pour Thibaud Simphal, directeur général d’Uber France, la « vieille Europe » est tout simplement la plus hostile qui soit au changement. « On s’est sans doute trompé en pensant qu’on pourrait travailler ici comme aux États-Unis, où les marchés sont un peu plus ouverts », explique-t-il au Wall Street Journal.
La campagne lancée ce mercredi 9 mars – parallèlement à la grève des cheminots – vise précisément à faire évoluer les mentalités en illustrant les « bénéfices socioéconomiques » d’Uber. Elle s’assortit, comme le souligne CB News, d’un plan presse dans différents titres de la presse quotidienne nationale, régionale et gratuite, ainsi que dans certains magazines. Le volet digital comprend des bannières et reprend le hashtag #UberEtMoi sur les réseaux sociaux.
Pendant près de 3 semaines, des affiches seront apposées, en partenariat avec Media Transports et JCDecaux, dans des zones de transit telles que les aéroports, les gares ferroviaires et les arrêts de bus. Elles reprendront 16 visuels tous basés sur des jeux de mots (« Uberathon », « Uberapapa », « Uberderire », « Uberéussite », « Uberauboisdormant », « Uberdumat’ »…) en mettant en scène des chauffeurs et des passagers.
Uber relaie, en parallèle, une étude (commandée par ses soins…) sur les emplois créés par sa plate-forme, notamment dans les banlieues défavorisées. On y apprend, entre autres, qu’un chauffeur gagne en moyenne, commissions déduites, 3 600 euros par mois pour 45 heures de travail hebdomadaires… mais qu’il faut déduire 40 à 50 % de cette somme au titre des frais : carburant, entretien du véhicule, etc.
On notera que l’un des auteurs de cette étude, en l’occurrence Augustin Landier, enseignant-chercheur à l’École d’économie de Toulouse, avait déjà été sollicité dans le cadre d’une table ronde organisée fin janvier à l’occasion des journées Chauffeurs-Entrepreneurs (Uber était à la baguette).
* Voir, à ce sujet, notre article « Procès UberPOP : le périple judiciaire d’Uber en France ». Dans ce dossier, le verdict du Tribunal correctionnel est attendu pour le 9 juin 2016.
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