Leur grogne a été entendue : les chauffeurs Uber mécontents des baisses de tarifs imposées depuis quelques jours à Paris seront reçus ce jeudi par la branche française de l’entreprise américaine.
Première étape aujourd’hui au cabinet d’Emmanuel Macron. Le ministre de l’Économie s’entretiendra avec plusieurs groupements de conducteurs, dont certains tout juste constitués dans un climat de tension.
Thibaud Simphal avait allumé la mèche jeudi 8 octobre en annonçant une baisse de 20 % des prix du service UberX (chauffeurs professionnels avec berlines) à Paris et en banlieue. Le directeur d’Uber France s’était également engagé à proposer des trajets a minima 25 % moins chers dans le cadre de l’offre UberPool, disponible de 20 h et 6 h et qui permet de partager des trajets.
Cette initiative vise à renforcer l’attractivité de l’offre face aux initiatives des taxis, des exploitants de VTC et de nouveaux acteurs spécialisés sur les trajets nocturnes ou encore le covoiturage courte distance. Mais la pilule est difficile à digérer, d’autant plus que le montant minimum de la course est passé, en parallèle, de 8 à 5 euros.
Uber s’appuie sur une logique économique qui aurait fait ses preuves en quatre ans d’exploitation à New York : des prix plus bas, c’est une demande en hausse, donc des temps d’attente diminués entre chaque course et un chiffre d’affaires qui augmente en conséquence.
Pour la direction française, le premier week-end a suffi à confirmer la tendance. Ou comment travailler plus pour gagner plus tout en facturant moins.
Un modèle froidement accueilli par les chauffeurs, qui avaient lancé une première offensive vendredi dernier. Ils étaient quelques dizaines à manifester devant les locaux d’Uber France, dans le 19e arrondissement de la capitale. Un mouvement qui avait nécessité l’intervention musclée des forces de l’ordre, comme le souligne L’Express.
Entretemps, se sont constitués des groupements (« Association Solidaire de Chauffeur Indépendant VTC », « Association des chauffeurs, capacitaires et VTC » sous l’acronyme CAPA-VTC, etc.) et même le Syndicat des exploitants de transport des personnes et VTC, à l’appel duquel une nouvelle action s’est déroulée mardi matin.
Parmi les revendications communiquées au Figaro, une hausse du prix minimum de la course (15 euros en UberX ; 25 euros pour les offres plus onéreuses) et des tarifs aéroport de 20 % sur toutes les gammes. Mais aussi la fin pure et simple du système UberPool, la mise en place d’une commission de discipline hebdomadaire ou encore l’arrêt des désactivations de comptes sur simple e-mail du client.
« Cette position de quasi-monopole permet [à Uber] de jouer avec les prix sans tenir compte de l’avis de ses chauffeurs », déplore Mohammed Rabi, porte-parole du syndicat des exploitants de transport des personnes et VTC, au micro de France Info.
La direction d’Uber France l’a annoncé : la réunion qui se tiendra ce jeudi ne donnera pas lieu à des négociations. Elle a pour objectif de convaincre les chauffeurs que la baisse des prix leur sera profitable. En fonction de l’issue, CAPA-VTC pourrait déposer un préavis de grève pour ce vendredi, veille des vacances de la Toussaint.
Crédit photo : Evan Lorne – Shutterstock.com
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