« Uber doit faire la différence entre séances de consulting et négociations, sinon l’intervention de l’État sera inévitable. »
Ce constat, la CFDT VTC/LOTI l’établit au lendemain d’une réunion qu’elle considère, au même titre que les autres organisations représentatives des partenaires chauffeurs, infructueuse.
Les discussions ont en l’occurrence tourné court sur un point qu’Uber s’était pourtant engagé à aborder : sa politique tarifaire.
D’après Hassan Benbarak, de l’association CAPA VTC, la plate-forme américaine est « [venue] les bagages vides » et a rejeté les propositions qui lui ont été faites.
Au nom de l’intersyndicale, qui regroupe Actif-VTC et l’UDCF aux côtés de la CFDT, Fabian Tosolini dénonce, auprès de l’AFP, une « entreprise […] pas mûre pour la négociation ».
Du côté du SCP-VTC, qui s’est désolidarisé de l’intersyndicale à l’issue de la procédure de médiation menée à la demande du gouvernement, on revendique un montant minimum de 12 euros par course – contre 6 euros à l’heure actuelle – et le droit, pour les chauffeurs, de fixer les prix. Même son de cloche chez CAPA VTC, qui demande aussi, entre autres, un montant minimum de 20 euros pour les courses en berline et en van.
Actif-VTC, l’UDCF et la CFDT s’en tiennent à une course minimum de 8 euros. Ils demandent que la commission d’Uber, fixée à 25 % depuis le mois de décembre, soit ramenée à 20 % dans le cadre du service uberX et à 10 % pour le premier passager sur l’offre de « trajets partagés » uberPOOL… dont la fermeture entre 5 h et 21 h est par ailleurs exigée.
Uber, contre qui le médiateur a, d’après France Info, haussé le ton lors de la réunion, estime que répondre aux revendications des chauffeurs pourrait entraîner une baisse de 60 % du nombre de passagers.
La société rappelle surtout consentir d’« énormes dépenses » dans sa plate-forme « qui a permis à un grand nombre de consommateurs qui n’avaient pas accès au transport particulier d’en bénéficier ». Ainsi estime-t-elle devoir, pour assurer la croissance de ses activités, rester maîtresse de ses choix stratégiques… dont le niveau des prix.
Le SCP-VTC (rattaché à l’Unsa) ne l’entend pas de cette oreille. Au sujet des plates-formes, l’organisation affirme : « Le jour où elles auront des chauffeurs, des véhicules, du gasoil, de la TVA transport, des salaires de chauffeurs à payer, alors elles auront le droit et le devoir de définir leurs tarifs. En attendant […] elles doivent appliquer ce que décident les transporteurs ».
Le SCP-VTC avait, la semaine passée, adressé à plusieurs candidats à l’élection présidentielle, une lettre pour les interpeller sur « la situation préoccupante et même dramatique des travailleurs ‘ubérisés’ ». Et leur demander d’instaurer un tarif minimum national « afin de mettre fin à la guerre des prix faite sur le dos des chauffeurs ».
La CFDT privilégie encore, en l’état, la voie du dialogue, mais n’exclut plus de devoir « passer par un processus législatif » auquel le médiateur Jacques Rapoport a d’ailleurs invité les pouvoirs publics à se préparer.
Uber aussi en appelle aux pouvoirs publics, mais sous un autre angle : l’extension des droits sociaux liés au statut d’indépendant, auquel les chauffeurs seraient « très attachés ».
En attendant, un e-mail a été envoyé hier soir aux VTC avec la promesse de revenir vers eux « rapidement avec une proposition concrète et détaillée sur les pistes évoquées ensemble ». Cette décision pourrait s’expliquer par l’appel d’au moins une organisation (CAPA VTC) à de nouvelles manifestations dans les prochains jours.
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