Uber a perdu 2,5 milliards de dollars en six mois
La santé financière délicate d’Uber s’illustre à l’occasion de l’ouverture d’une offre de rachat d’actions par un groupement qu’emmène SoftBank.
En six mois, Uber a perdu plus de deux milliards et demi de dollars.
C’est ce qui ressort de documents fournis ce mardi à plusieurs actionnaires de l’entreprise et dont Bloomberg se fait l’écho.
Leur communication intervient dans le cadre d’une offre d’achat d’actions émanant d’un groupement emmené par SoftBank.
Le conglomérat internet-télécoms japonais est associé à trois fonds d’investissement (Dragoneer, TPG, Sequoia Capital) et au groupe chinois Tencent*.
Ce collectif, que le fonds russe DST Global aurait un temps cherché à rejoindre, s’est fixé pour objectif de monter à au moins 13,4 % du capital d’Uber.
Il propose, pour ce faire, d’acquérir – en mettant jusqu’à 8 milliards de dollars sur la table – des actions existantes au prix unitaire de 32,96 dollars, base valorisant la société à environ 48 milliards de dollars.
Si le deal est conclu, SoftBank investira, en parallèle, un milliard de dollars dans une augmentation de capital, cette fois sur la base de la dernière valorisation communiquée pour Uber, proche des 70 milliards de dollars.
Une dernière avant la Bourse ?
Le groupe nippon assurait, mardi soir, que plusieurs actionnaires historiques d’Uber avaient manifesté leur intention de vendre.
Parmi eux, Menlo Ventures… et Benchmark Capital, qui retirerait par la même occasion sa plainte déposée au cours de l’été contre la société et son ancien CEO Travis Kalanick.
L’intéressé – écarté au mois de juin – est assigné pour fraude, rupture de contrat et manquement à obligation fiduciaire.
Benchmark Capital lui reproche plus particulièrement d’avoir nommé, comme l’y autorisait un vote de juin 2016 auquel le fonds avait souscrit, deux membres au conseil d’administration, sans aucune consultation.
L’accord avec SoftBank inclut une clause qui doit mettre un terme à ce régime : Travis Kalanick garde le droit de nommer des administrateurs, mais devra dans tous les cas soumettre ses décisions au board.
Il pourrait s’agir de la dernière opération privée de financement pour Uber, avant une entrée en Bourse prévue pour 2019, malgré des doutes sur la rentabilité à cet horizon.
Au 2e trimestre 2017, les pertes avaient atteint 1,06 milliard de dollars, sur un chiffre d’affaires de 1,66 milliard. Au 3e trimestre, elles se sont établies à 1,46 milliard, progressant plus significativement que les revenus (2 milliards).
Les incertitudes du CEO
Dara Khosrowshahi lui-même se montre circonspect quant à la capacité d’Uber à rebondir sur le court terme.
Début novembre, lors de la conférence DealBook, théâtre de sa première apparition publique depuis sa nomination en remplacement de Travis Kalanick, le dirigeant avait reconnu qu’il serait difficile d’escompter la profitabilité aux États-Unis avant six mois au minimum, en raison de la concurrence de Lyft. Il avait tenu le même discours pour l’Inde, où évolue Ola.
Réalisée par l’intermédiaire du Nasdaq Private Market, l’opération est ouverte aux détenteurs d’au moins 10 000 actions, sous conditions qu’ils possèdent un patrimoine d’au moins 1 million de dollars ou que leur rémunération annuelle dépasse les 200 000 dollars.
Le « groupement SoftBank » dispose d’environ un mois pour convaincre les actionnaires.
* Tencent a déjà investi dans un concurrent d’Uber : le poids lourd Didi, qui exploite une galaxie de services de transport en Chine.