Uber : Travis Kalanick redistribue les cartes au conseil d’administration
En amont d’un vote qui pourrait fragiliser son pouvoir décisionnel, Travis Kalanick a nommé deux membres au conseil d’administration d’Uber.
Écarté en juin dernier de la direction d’Uber, Travis Kalanick n’a pas encore renoncé à un retour en force.
Sa dernière manœuvre en témoigne : resté un actionnaire de poids, il a annoncé, vendredi, la nomination d’Ursula Burns et de John Thain pour occuper deux sièges vacants au conseil d’administration.
La première fut CEO de Xerox entre 2009 et 2016. Le second a successivement dirigé la société gestionnaire du New York Stock Exchange, la banque d’affaires Merrill Lynch et le groupe de services financiers CIT.
Ils apporteront, selon un porte-parole de Travis Kalanick, une « expertise indépendante à l’heure où Uber entre dans une nouvelle phase de croissance et se prépare à entrer en Bourse ».
Leur nomination intervient alors que le board doit se prononcer, ce mardi, sur une proposition émise par Dara Khosrowshahi. Le nouveau directeur d’Uber suggère de rééquilibrer la gouvernance en abolissant les droits de vote privilégiés associés à certaines catégories d’actions. Une initiative que soutiennent notamment Ryan Graves et Garrett Camp, cofondateurs d’Uber.
État de siège(s)
Benchmark Capital, l’un des principaux actionnaires de la société (sa participation est estimée à environ 13 % du capital), craignait que Travis Kalanick tente de placer des alliés au conseil d’administration dans l’optique de reprendre le poste dont il a été démis.
Le fonds d’investissement avait engagé, au mois d’août, des poursuites contre l’ancien CEO, devant un tribunal du Delaware, pour fraude, rupture de contrat et manquement à obligation fiduciaire. Un dossier que la justice a récemment reclassé en litige privé.
Benchmark Capital regrette notamment d’avoir souscrit, en juin 2016, au vote qui avait autorisé l’élargissement du board de 8 à 11 sièges, Travis Kalanick étant seul à pouvoir attribuer lesdits sièges.
Le fonds affirme qu’il n’aurait « jamais accepté » ce deal s’il avait eu vent de la « mauvaise conduite » de Travis Kalanick, caractérisée entre autres par du « harcèlement sexuel » et plus globalement une « culture d’entreprise toxique » qu’une ingénieure avait dénoncée en début d’année, enclenchant une période de troubles chez Uber.
Ayant accepté, à sa démission, de quitter le board, Travis Kalanick y avait immédiatement repris place, mettant à profit ses droits sur les trois sièges vacants.
D’après Benchmark Capital, il s’était engagé, par écrit lors de son départ, à réserver les deux autres sièges à des membres « indépendants » dont la nomination serait soumise à l’approbation du conseil d’administration. Sauf qu’il n’aurait jamais formalisé ces engagements par le biais d’un accord.