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UbiMobility : la virée de la French Tech du véhicule connecté aux USA

Google, Tesla, Uber, Ford, General Motors… Autant de sociétés technologiques et de constructeurs automobiles que rencontreront, du 3 au 17 juin prochains, les huit start-up et PME sélectionnées pour prendre part à la troisième saison d’UbiMobility.

L’agence Business France, qui soutient les entreprises françaises dans leur expansion internationale, vient de dévoiler  les lauréats ce jeudi (30 mars) dans les locaux de Bpifrance, avec qui elle coorganise ce « parcours d’insertion accélérée » sur le véhicule autonome et connecté.

Les entreprises désireuses de développer leur activité dans le domaine sur le marché nord-américain ont pu déposer leur candidature entre le 18 novembre 2016 et le 16 janvier 2017. Elles devaient justifier d’au moins un an d’exercice, d’un siège social situé en France et de la capacité de générer du chiffre d’affaires.

Douze des dossiers présélectionnés n’ont pas passé le cap du jury, à la coloration intégralement américaine.

D’une année sur l’autre, certains sont sortis de la boucle (General Motors, Orange Silicon Valley) et d’autres y sont entrés (le Boston Consulting Group et le groupe de presse WardsAuto).

Beaucoup sont restés. En l’occurrence, Valeo (représenté par sa présidente pour la zone Amérique du Nord Françoise Colpron), Ford (avec Dragos Maciuca, directeur technique du centre de recherche de Palo Alto), Delphi (avec le directeur de l’ingénierie Gary O’Brien), Fiat Chrysler (avec Bret Scott, responsable de l’offre télématique) et Magna (avec son responsable R&D Ian Simmons). Le monde académique est représenté par les universités du Michigan et de Californie – Berkeley.

Des VC à séduire…comme Navya a su le faire

La délégation passera d’abord une dizaine de jours à Detroit (Michigan), berceau de l’industrie automobile. Elle se rendra ensuite, pour environ une semaine, à Palo Alto, au cœur de la Silicon Valley en Californie.

Une phase de préparation est enclenchée en amont, pour permettre aux alumni 2017 d’adapter leur offre et leur présentation.

Business France l’assure : pour cette troisième édition, l’accent sera mis sur la prise de contact avec les investisseurs, en association avec Autotech Ventures et Fontinalis Partners.

Du côté de Bpifrance, on rappelle être entré directement au capital d’une trentaine de PME et d’ETI de la filière automobile, tout en apportant un soutien indirect à une cinquantaine d’autres… dont Navya.

La société née en 2014 à Villeurbanne sous l’impulsion de Christophe Sapet (cofondateur de l’ex-FAI pionnier Infonie) avait participé à la première édition d’UbiMobility, à l’époque où le nom du programme évoquait encore celui d’Ubifrance (fusionnée depuis avec l’AFII début 2015 pour créer Business France).

Christophe Sapet, CEO de Navya

À l’époque, Navya avait débarqué aux États-Unis sans offre commerciale. Aujourd’hui, elle annonce l’ouverture d’un bureau à Chicago (son premier relais hors de France) et revendique une trentaine de ses navettes autonomes en circulation entre l’Australie, le Japon, le Qatar ou encore Singapour.

Soutenue de manière précoce par le fonds Robolution Capital créé à l’initiative de Bruno Bonnel, Navya fait figure de référence dans la courte histoire d’UbiMobility : après avoir levé 4,1 millions d’euros début 2016 avec entre autres le fonds Gravitation de Charles Beigbeder, elle a annoncé, en octobre 2016, un tour de table de 30 millions d’euros impliquant Valeo, Keolis et un fonds qatari.

Tenir la distance

Trois autres alumni des saisons précédentes ont levé des fonds. Le dernier en data est TrustInSoft : 1,2 million d’euros pour cette jeune pousse parisienne qui s’est spécialisée dans l’analyse mathématique du code source pour détecter les failles.

Si UbiMobility a d’abord le rôle de passerelle vers des clients potentiels et des partenaires stratégiques, il ne mène pas systématiquement à une implantation outre-Atlantique. TrustInSoft est de ceux qui ont franchi le pas, au même titre que Vulog (technologies d’autopartage ; 8,4 millions d’euros levés), qui a récemment posé ses valises à Toronto.

Lauréat l’an passé, Prove & Run a aussi trouvé des points d’ancrage sur place avec ses méthodes de vérification formelle de code pour les systèmes embarqués et l’Internet des objets .

Son codirigeant Christophe Pagezy évoque deux contrats en cours de négociation avec des équipementiers… sans en dévoiler l’identité. Il préfère avertir la promotion 2017 de la longueur des processus de validation chez les clients : 18 à 24 mois, ce qui implique de trouver des investisseurs prêts à s’engager sur le long terme.

Dans l’assistance, la nécessité d’une collaboration entre les start-up fait consensus, pour être en mesure de proposer davantage de valeur. Surtout quand on sait que – tout du moins selon Christophe Sapet, qui en réfère au cas Navya – « quand un contrat porte sur deux ou trois véhicules en Europe, on parle de dix à quinze aux États-Unis ».

La voiture, mais pas que

Le dynamisme du marché s’illustre par l’existence, à Ann Arbor (près de Detroit), de M-City, du nom d’une ville artificielle de 14 hectares destinée à tester des véhicules autonomes en conditions réelles. Mais aussi par la volonté du département des Transports de mettre 20 000 automobiles connectées en circulation dans le Michigan sur la période 2017-2019.

Avec l’appui de 15 constructeurs, le Boston Consulting Group s’est projeté plus loin. La société de conseil annonce, dans les grandes villes américaines, un taux de pénétration de 20 à 25 % pour le véhicule autonome à l’horizon 2030.

Elle a dégagé quatre scénarios qui diffèrent essentiellement au niveau de l’implication des pouvoirs publics et de la conception de la mobilité (privée, en tant que service ou partagée). L’estimation la plus « évolutionniste », synonyme de politiques publiques favorables assorties de plates-formes de mobilité partagée, donne une baisse de 59 % du nombre de voitures en circulation, de 85 % des émissions et de 87 % des accidents.


Pour les constructeurs, c’est l’annonce d’un nouveau paradigme : les opérateurs de mobilité deviennent les clients. Et cela ne vaut pas que pour les voitures. Il est même probable que la conduite autonome se développe plus rapidement sur des véhicules comme les camions. La raison ? Leur exploitation se fera essentiellement hors des zones urbaines, où le risque sécuritaire est moins grand.

Neavia Technologies en est persuadé. Fondée en 2003, la PME qui allie capteurs, traitement de données et connectivité est récemment passée dans le giron du groupe Lacroix. Avec son offre qui comprend des stations de bord de route, des boîtiers pour les véhicules techniques des gestionnaires routiers ou encore des feux de signalisation connectés, elle est l’un des huit lauréats d’UbiMobility 2017.

Choc des générations

Pertech Solutions sera aussi du voyage. Fondée en 2004, elle fournit notamment PSA et Renault avec ses solutions de suivi oculaire. Le véhicule connecté – à travers l’étude du comportement du conducteur – n’est qu’un de ses domaines d’expertise, aux côtés de l’aéronautique, du médical, du marchandisage ou de la sécurité au travail.

Benjamin de la promotion, Dibotics est né en 2015 à Paris. Primé dans le cadre de la 2e édition du Concours d’Innovation Numérique porté par le Commissariat général à l’investissement, il a décliné, à destination des véhicules autonomes, sa technologie de localisation capable de s’appuyer sur un éventail de capteurs allant du lidar à la caméra. Il y a près de quarante ans d’écart avec CS Communication & Systèmes, dont les statuts ont été déposés… en 1977.

Implanté en Allemagne, au Canada, aux États-Unis, en Inde et en Roumanie, le concepteur, intégrateur et opérateur de systèmes critiques revendique un C.A. de 170 millions d’euros réalisé à 14 % en Amérique du Nord. Sa participation à UbiMobility tient à la solution NADIA, destinée à automatiser la chaîne de tests de validation logicielle pour les systèmes embarqués critiques.

Des yeux derrière le volant

Le champ de la vision par ordinateur est occupé par Smart Me Up, créé en 2012 à Grenoble et qui se propose d’intégrer, dans tout objet connecté, des capacités de reconnaissance faciale. La SNCF et les cabines Photomaton exploitent cette technologie qu’ont soutenue des business angels tels que Xavier Niel (Iliad-Free), Jacques-Antoine Granjon (vente-privee.com) et Jean-David Blanc (Allociné).

Sur la thématique de la vision artificielle, on trouve aussi Chronocam, qui s’est distingué en levant, depuis sa naissance en 2014, 20 millions de dollars avec le concours de poids lourds comme Intel, Renault et Robert Bosch Venture. Son objectif : rapprocher les capacités des capteurs d’images de celles de l’œil humain.

Dynamixyz se concentre pour sa part sur l’analyse des visages. Initialement orientée sur le motion capture pour l’industrie du jeu vidéo et du divertissement (450 000 euros levés en 2014), son offre comprend aujourd’hui un middleware pour les véhicules connectés.

Autre acteur à s’être intéressé à l’automobile après avoir démarré dans d’autres secteurs : Acapela Group. Née en 2003 de la fusion de Babel Technologies, Elan speech et Infovox, la société est aujourd’hui implantée entre Labège (banlieue de Toulouse), Mons (Belgique) et Solna (Suède).

Elle s’est spécialisée dans la synthèse de la parole avec des « voix expressives » allant au-delà de la simple vocalisation du contenu. Le premier public fut les malvoyants.

(Crédits photos : Business France + NetmediaEurope)

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