« Force est constater que l’absence totale d’ouverture de la part des actionnaires familiaux d’Ubisoft prive l’entreprise d’un soutien important dans son développement […] ».
Cette déclaration, émise le 22 septembre dernier dans la lignée de l’assemblée générale des actionnaires de l’éditeur de jeux vidéo, on la doit à Vivendi.
Le groupe de Vincent Bolloré (audiovisuel, Internet, divertissement) dit regretter de n’avoir « toujours pas été invité à être représenté au Conseil [sic] d’administration » alors même que sa part au capital s’élève à 26,63 %.
Comme en 2016, il s’est abstenu lors du vote des résolutions… dont l’une n’a en conséquence pas été adoptée. Elle consistait en l’attribution d’actions gratuites aux employés, dans une optique de fidélisation des talents.
Ces tensions s’inscrivent dans un contexte de montée progressive de Vivendi au capital d’Ubisoft, avec la volonté affichée d’établir une « collaboration fructueuse ».
La famille Guillemot, fondatrice d’Ubisoft et détentrice au dernier pointage de 18,91 % des droits de vote, y voit plutôt une « approche destructrice de valeur, visant à une prise de contrôle rampante de sociétés ».
Sur la défensive, elle met en œuvre une démarche autorisée par l’AG du 22 septembre : un programme de rachat d’actions dans la limite de 10 % du capital social.
Jusqu’à 4 millions d’actions – soit environ 3,5 % du capital – seront rachetées d’ici au 29 décembre 2017. Elles ont vocation à être annulées.
Considérant le cours actuel du titre, qui dépasse les 63 euros à mi-séance sur Euronext (son plus haut historique, valorisant l’éditeur autour de 7 milliards), la facture dépasserait les 250 millions d’euros.
Le bureau d’études Berenberg perçoit dans cette opération un signe positif, témoin de la confiance du management dans les perspectives d’Ubisoft.
La société, à l’origine de licences comme Assassin’s Creed, Far Cry, Just Dance, Watch Dogs et Les Lapins Crétins, revendique, sur son exercice 2016-2017, un chiffre d’affaires en hausse annuelle de 4,7 %, à 1,46 milliard d’euros, issu pour moitié du digital. La marge opérationnelle s’établit à 16,3 % (+ 4,2 points) ; le résultat net, à environ 108 000 euros (+ 15,4 %).
À trois ans, Ubisoft vise 2,2 milliards d’euros de revenus, une marge opérationnelle à 20 % et un flux de trésorerie à 300 millions d’euros. Objectif : convaincre les actionnaires de maintenir l’indépendance du groupe.
En raison de la maturité de certaines de ses participations, Vivendi pourrait, d’après VentureBeat, franchir avant fin 2017 le seuil des 30 % de droits de vote. Il lui faudrait alors déposer une OPA – hostile, dans les conditions actuelles – comme il l’a déjà fait pour Gameloft, deuxième société d’édition de jeux fondée par la famille Guillemot.
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