Un journaliste IT australien appréhendé pour « recel de photos piratées »
Un journaliste australien a passé quelques heures au poste de police pour possession de photos piratées par un expert en sécurité IT.
En Australie, Ben Grubb, journaliste du Sidney Morning Herald spécialisé IT, a été appréhendé mardi par la police du Queensland lors de la conférence AusCERT qui s’est déroulée près de Brisbane.
Il a passé quelques heures au poste de police après la publication survenue le même jour d’un article relatif à une faille sur Facebook.
A priori, c’est à cause de la détention par Ben Grubb de photos piratées.
Le journaliste a été relâché peu de temps après mais son iPad a été confisqué.
La police du Queensland assurait alors que le journaliste était simplement interrogé, et non arrêté.
Cette version a été contredite par un enregistrement audio partagé par Ben Grubb, où l’on entend clairement l’officier de police déclarer : « Vous êtes maintenant physiquement en état d’arrestation. »
Depuis, la police locale a présenté ses excuses pour son erreur de communication.
Pourquoi la publication d’un article a valu des ennuis à Ben Grubb ?
Le journaliste relate un entretien avec un autre expert en sécurité : Christian Heinrich.
Celui-ci a effectué une démonstration sur la manière d’accéder aux photos privées d’un membre de Facebook, sans demander son consentement au préalable et sans pirater son compte.
Christian Heinrich en aurait profité pour transmettre à Ben Grubb certaines de ces photos piratées.
Dans un nouvel article paru après sa libération (daté du 18 mai), le journaliste explique les circonstances de son interpellation « à cause de la réception d’une propriété obtenue illégalement ».
Des précisions ont été fournies lors d’une conférence de presse organisée par la police locale.
Le chef de la division chargée des fraudes de la police du Queensland considère les éléments que Christian Heinrich a transmis à Ben Grubb comme une « propriété volée ».
Un délit de recel de documents illégalement obtenus en quelque sorte.
Le responsable de la police a d’ailleurs partagé une analogie pour justifier la position ferme adoptée : »Quelqu’un entre dans une maison par effraction et vole une télévision, puis vous la donne. Vous savez que cette TV est volée. […] En vérité l’environnement en ligne est maintenant une extension de notre vrai communauté, et si nous pénétrons dans cet environnement nous avons la responsabilité de nous comporter correctement. »
Cette affaire, qui fait grand bruit en Australie, relance la question d’une évolution législative dans ce pays, où la liberté de la presse et le secret des sources ne sont garantis par la loi que depuis quelques semaines, et plutôt faiblement.
C’est d’ailleurs un des combats de Peter Fray, Directeur de publication et rédacteur en chef du Sidney Morning Herald.