Il faut croire que l’avenir de la protection des contenus numériques ne passe plus seulement par un encodage particulier du fichier mais aussi par son média de stockage. Depuis quelque temps, les collèges techniques du NCTIS, l’organisme qui délivre les standards ANSI, discutent de la possibilité d’introduire un système de protection (d’anti-copie, devrait-on dire) directement intégré aux périphériques de stockage, CD-Rom, DVD, disques durs et autres Zip. Ces discussions tournent autour de l’implémentation du Copy Protection for Recorded Media (CPRM) proposé par le 4C Entity, un groupe de travail formé par IBM, Intel, Matsushita et Toshiba (qui avait déjà fourni la clé de cryptage CSS des DVD pour le SDMI).
Destiné aux DVD-audio, le CPRM exploite le numéro de série du support de stockage pour créer la clé qui va crypter les données à copier. En sens inverse, le lecteur s’appuie sur cette clé de décryptage, construite à partir du numéro de série du contenant, pour lire les données. Ainsi, un fichier copié sur CD-Rom ne pourra être lu qu’à partir de ce même CD-Rom grâce à son numéro de série, unique par définition, neutralisant toute copie conforme (bit à bit). En effet, le contenu ne pourrait plus être décrypté puisque le numéro de série délivré par le support ne serait plus le bon. Ce principe, qui vise les DVD et les mémoires Flash en tous genres (lecteurs MP3, cartes mémoires…), pourrait s’appliquer de la même manière aux disques durs. Ces derniers ont également un identifiant unique, caché dans le Media Key Block et la Media Unique Key.
Un système très contraignant
Si ce procédé se révèle redoutablement efficace, il met paradoxalement en danger la protection des données. En effet, comment récupérer sur un disque dur des données sauvegardées par ce système sur un autre disque, comme c’est le cas de la plupart des architectures de sauvegarde ? Plus simplement, comment assurer la diffusion en réseau d’un freeware ou shareware, ou même d’un simple document copié sur les disques durs « CPRM » d’un serveur ? Certes, le serveur pourra toujours réencoder le fichier en fonction du numéro de série relevé sur le disque dur cible. Mais comment transmettre « manuellement » à des correspondants ce même fichier encodé sans les obliger à repasser par le « serveur-encodeur » ? Et il faut aussi que le système d’exploitation et les logiciels utilisés soient compatibles avec le principe de chiffrement du CPRM. Autant de questions auxquelles doit répondre le NCTIS.
Si ce nouveau type de protection s’avère parfaitement adapté aux lecteurs de salon de DVD, il semble inconcevable pour les disques durs de nos ordinateurs de bureau. Thème sur lequel porteront les prochaines discussions de la NCTIS qui se dérouleront en février prochain. Si le CPRM y est accepté, un représentant d’IBM a indiqué que tous les disques durs du constructeur l’embarqueraient dès juin 2001. On ne connaît pas encore la réaction des autres fabricants de disques durs. Un nouveau système de protection qui enchantera Hollywood et l’industrie du disque mais rencontre déjà la grogne des éditeurs, dont Microsoft. Ce dernier verrait en effet d’un mauvais oeil un système qui rend plus difficile la reproduction à grande échelle dont il a besoin pour diffuser ses logiciels dans le monde entier.
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