Pour la treizième année consécutive, Intel a présenté à la communauté financière des résultats trimestriels et annuels largement bénéficiaires. Lors du quatrième trimestre 1999, Intel a réalisé un chiffre d’affaires de 8,2 milliards de dollars, en augmentation par rapport à l’an dernier (+8 %). Alors que la plupart des industriels de la planète obtiendraient un résultat net chiffré en millions, celui d’Intel atteint 2,4 milliards de dollars pour cette période.
Sur l’année entière, le bilan est tout aussi positif. Le cru 1999 aura rapporté 8,1 milliards de dollars, avec un chiffre d’affaires de 29,4 milliards de dollars. Et pourtant, pas moins de douze compagnies auront été acquises, le plus souvent par échange d’actions, sans oublier les prises de participation dans une foule de start-ups.
Le marché le plus juteux d’Intel reste bien sûr celui des processeurs, jeux de composants et autres cartes-mères. La division Intel Architecture Business Group, responsable de cette activité, représente environ 7 milliards de dollars sur le chiffre d’affaires du dernier trimestre. Mais d’autres secteurs grimpent en flèche. Dès qu’il s’agit des mémoires Flash, des équipements de connexion sans fil ou en réseau local classique, les revenus du fondeur font plus que doubler en l’espace d’un an.
Du coup, le géant de Santa-Clara se sent pousser des ailes pour quitter le sentier battu du composant pour serveurs et PC. « Notre coeur de métier est l’Internet », affirme désormais Gilles Granier, Pdg d’Intel pour l’Europe de l’ouest. Autrement dit, le fondeur envisage de répondre à la plupart des besoins liés aux nouveaux moyens d’accès à la Toile. Du côté des utilisateurs, qu’il s’agisse des PC de poche pour les services sans fil ou des « téléphones Internet » récemment présentés (voir édition du 6 janvier 2000), Intel prévoit l’émergence de terminaux qui seront complémentaires sans être forcément concurrents. « On peut imaginer que cohabitent à la maison un PC, un portable pour se déplacer, un organiseur de poche du type Palm et un décodeur Internet », continue Gilles Granier. Et d’ajouter : « Le téléphone mobile pour accéder à Internet apporte de nouveaux services dans d’autres conditions, mais on utilisera encore son ordinateur portable ou son PC de poche pour travailler ou lire son courrier électronique », lors d’un voyage par exemple.
L’un des grands événements de l’année 2000 sera le lancement du processeur 64 bits Itanium, longtemps connu sous le nom de code Merced. Des composants sont déjà entre les mains de certains grands comptes ou éditeurs de logiciels (voir édition du 8 décembre 2000). Diffusés en petites quantités, ces produits en cours d’évaluation donneraient des résultats « très encourageants ». Ils arriveront dans le courant de l’année, selon le responsable. Et déjà, on prévoit plusieurs successeurs. « Nous sommes déjà très avancés sur quatre, voire cinq, nouveaux membres de la famille IA 64 qui arriveront après l’Itanium », révèle Gilles Granier.
S’il est difficile encore de prévoir l’accueil que leur réservera les entreprises, des sources américaines signalent, en revanche, un enthousiasme modéré pour le Pentium III Xeon. Beaucoup d’acheteurs lui préfèreraient son cousin grand public Pentium III, moins cher et aux performances équivalentes. Qu’en pense le responsable d’Intel ? « Le Xeon répond mieux aux gros besoins, pour des systèmes en grappe (clusters) qui associent 128, 256 voire plusieurs milliers de processeurs. » C’est le cas des supercalculateurs, comme celui de Météo France (voir édition du 18 novembre 1998) ou du centre OSC de l’Ohio qui tourne sous Linux (voir édition du 23 septembre 1999). « Si le Pentium III est satisfaisant et suffit pour les serveurs plus modestes, j’en suis satisfait », considère l’intéressé.
Quid de la concurrence ? Chacun attend AMD au tournant. Encore déficitaire au troisième trimestre 1999 avec plus de 100 millions de dollars de pertes, le concurrent possède un atout avec sa puce Athlon, qui tient tête au Pentium III dans la plupart des comparatifs. Agacé, le numéro un mondial ? « Nous n’avons pas l’impression d’avoir perdu nos positions sur le marché », défend le Pdg. En tout cas, la situation semble loin de mettre en péril la santé du géant.
Pour en savoir plus : Intel
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