Une lame de fond touche les services de contenus sur mobile

Connu pour son engouement lié aux nouvelles technologies, le Japon tente d’exporter son expertise dans ce domaine, y compris dans les services mobiles. Par exemple, DoComo, opérateur télécom leader au Japon, multiplie les accords européens pour exporter sa technologie i-Mode. Celle-ci permet d’accéder à des applications « Internet de poche » selon le slogan adopté en décembre 2003 par Bouygues Télécom pour débuter la commercialisation de ce type de terminaux multimédias.

Pour les sociétés high tech nippones dédiées aux contenus sur mobiles, il est également important de trouver des relais de proximité. Début août, Index Corporation, prestataire leader dans la distribution de contenus sur des terminaux mobiles qui est coté au Jasdaq (l’équivalent japonais du Nasdaq américain), a acquis 123 Multimédia pour un montant de 110 millions d’euros.

Installé à Toulouse, ce fournisseur de services multimédias a fait ses armes dans le monde du Minitel puis a décliné ses activités dans les SMS, l’Audiotel, l’Internet et la télévision interactive. Il exploite notamment des portails comme Tchatche.com et LogoSonnerie.com. 123 Multimédia dispose de plusieurs filiales dans le monde (Belgique, Allemagne, Espagne, Italie, Thaïlande, etc.). En début d’année, Index Corp avait discrètement investi 4,5 millions d’euros dans Haiku. Ce fournisseur de contenus sur mobile, installé dans les Hauts-de-Seine, avait suivi les premiers pas de Bouygues Télécom dans l’i-Mode.

Le terrain de compétition entre fournisseurs de services mobiles japonais est à appréhender à l’échelle mondiale : en mai, For-Side.com, également coté au Jasdaq, a acquis le service mobile américain Zingy, qui a été co-fondé en octobre 2001 par le Net-entrepreneur français Fabrice Grinda (créateur du service de ventes aux enchères Aucland). Puis, il a également jeté son dévolu sur son homologue Vindigo Studios en injectant 3,2 millions d’euros. Dernière cible recensé : For-Side.com a investi plus de 8 millions d’euros dans le prestataire britannique de services mobiles iTouch.

Mais, dans cette vague de concentration, les groupes américains ne restent pas inertes. En mai, Verizon, présent dans le monde des télécoms, de la mobilité et de l’Internet, a racheté le spécialiste allemand Jamba, toujours orienté vers les services mobiles. Celui-ci devrait d’ailleurs être l’un des principaux partenaires du portail que l’opérateur mobile virtuel Debitel France compte ouvrir dans le courant de l’automne.

Plus modestement sur le marché français, Lagardère Active Broadband, le pôle « nouvelles technologies » du groupe Lagardère, a racheté début juillet la start-up Waptoo qui va collaborer avec ses quatre grands centres  : Plurimedia en France, Legion en Allemagne, Greenland interactive en Angleterre et Lagardere Active North America aux Etats-Unis.

Les jeux, un exemple d’eldorado sur mobile

Pourquoi une telle frénésie autour des contenus sur mobile ? Les fabricants de terminaux mobiles et les opérateurs télécom semblent avoir pris conscience de la nécessité de développer des nouveaux services susceptibles d’intéresser leurs clients. Et ce, dans un contexte de développement de la téléphonie nouvelle génération comme le GPRS ou l’UMTS. Certaines applications ludiques comme les jeux sont attendues au tournant. Le but ultime étant d’accroître les revenus moyens par client dans la téléphonie mobile.

En guise d’illustration, les jeux sur mobile semblent promis à un avenir radieux. Des sociétés françaises comme Gameloft ou InfraWorlds ont pris position sur le terrain. Début août, In-Fusio, start-up bordelaise spécialisée dans les jeux à télécharger sur mobile, a levé 22,5 millions d’euros auprès de quatre fonds d’investissement pour accélerer son développement à l’international.

Début août, le Silicon Valley/San Jose Business Journal a recensé les diverses opérations d’investissement survenues très récemment dans des start-ups dédiées aux « Mgaming » (jeux sur mobiles) : Mforma Group a levé 44 millions de dollars tandis que Sorrent a récupéré 20 millions de dollars. Parallèlement, Trip Hawkins, le fondateur d’Electronics Arts, s’est lancé dans la bataille avec sa nouvelle société Digital Chocolate. Tandis que Jamdat Mobile affiche des prétentions d’introduction en bourse. Selon le cabinet d’études Analysys, le marché mondial des jeux pour mobiles devrait atteindre trois milliards d’euros en 2008.