C’est une surprise : d’après le cabinet d’études Jupiter Research, près d’une PME sur cinq utilise Linux ainsi que d’autres logiciels libres telle la suite bureautique OpenOffice sur leurs PC de bureau. Et cette proportion ne peut que croître au détriment de Microsoft, compte tenu du peu d’estime qu’accordent ces entreprises à l’éditeur. Pour 52 % d’entre elles, en effet, Microsoft se soucie plus de ses propres intérêts que des besoins des utilisateurs. Seules 4 % pensent que l’éditeur met au premier rang de ses préoccupations les attentes des entreprises. Autre enseignement : les PME-PMI n’ont aucun attachement à telle marque plutôt que telle autre ; ce qui guide leurs achats informatiques, c’est essentiellement la recherche du meilleur prix. En cela, elles ont un comportement plus proche de celui des particuliers que des grandes entreprises. Moins rigides et moins conservatrices que ces dernières, elles n’hésitent pas à expérimenter diverses solutions, sans doute car il est moins coûteux pour elles que pour de grands groupes de former leurs utilisateurs à un nouveau système. Windows reste toutefois le système d’exploitation dominant sur les PC des PME-PMI avec 56 % d’entre elles qui utilisent Windows XP. Autre caractéristique : le sous-équipement informatique. C’est particulièrement vrai pour les entreprises comptant moins de 10 salariés, qui représentent l’essentiel de ce qu’on appelle les PME-PMI. Elles sont en effet 31 millions sur les 45 millions qui en ont moins de 100. Ainsi, toujours selon Jupiter, parmi les entreprises de moins de 10 salariés, 19 % n’ont pas de suite de productivité de type Office et 34 % n’ont pas structuré leur informatique autour d’un serveur.
Les dessous de l’affaire munichoise
Ces chiffres expliquent pourquoi les PME-PMI constituent un marché clé pour Microsoft et pour ses concurrents. Selon les propres estimations de Microsoft, il représente un potentiel de ventes évalué à 11,5 milliards de dollars, potentiel que l’éditeur compte bien pleinement exploiter. Ainsi, il va investir l’an prochain 2 milliards de dollars afin d’améliorer son image et renforcer sa force commerciale. Mais les résultats de l’enquête de Jupiter suggèrent que la tâche sera rude, car l’attractivité de Linux, en tant que système d’exploitation de PC de bureau, et des alternatives libres à Office est bien réelle. On comprend mieux l’attitude de l’éditeur qui lutte bec et ongles pour conserver sa position dominante dans ces deux domaines. Il est vrai que Windows et Office ont pesé, les trois derniers trimestres, pour 88 % de son revenu d’exploitation. Un exemple a été donné lors de l’affaire de la municipalité de Munich qui a choisi d’équiper de Linux son parc de 14 000 PC (voir édition du 10 juin 2003). Bien sûr, il ne s’agit pas d’une PME mais les collectivités territoriales et les administrations, notamment européennes, sont elles aussi promptes à jeter un oeil du côté de l’Open source. Revenant sur le feuilleton munichois, le quotidien américain USA Today révèle aujourd’hui qu’après moult rabais, la proposition de Microsoft était de 12 millions de dollars inférieure à celle basée sur la distribution Linux de Suse, sans compter la gratuité de l’installation et de l’assistance ! L’offre a pourtant été finalement rejetée par les édiles munichois pour d’obscures raisons « stratégiques ». Même si la chute n’est pas proche, la maison Microsoft semble bien commencer à vaciller sur ses fondations.
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