D’un côté Napster, de l’autre les Majors de l’industrie du disque. Celles-ci sont au nombre de cinq : BMG, EMI, Warner, Sony et Universal. Si BMG est maintenant lié à Napster par le biais de sa maison mère (voir édition du 31 octobre 2000), les quatre autres restaient encore en retrait par rapport à la distribution de leurs titres sur Internet. Certes, on pouvait trouver ça et là des morceaux en téléchargement, mais c’est sur la pointe des pieds que ces géants arrivaient sur le Web. Face à eux, Napster réunissait petit à petit la plus grande discothèque jamais constituée, une mine d’or, mais un gisement illégal. Napster condamné cherche à se maintenir en vie pour ne pas perdre sa précieuse base d’utilisateurs. Ce mercredi 21 février, il annonçait son intention de reverser un milliard de dollars sur cinq ans à l’industrie du disque (voir édition du 21 février 2001). Un arrangement qui ne semble pas convenir à tout le monde, Majors en tête, BMG excepté (voir édition du 21 février 2001).
Au lendemain de cette annonce, dans une interview à La Tribune, Jean-Marie Messier, PDG de Vivendi Universal, révèle que son groupe a signé un accord avec Sony. Respectivement numéro 1 et numéro 2 mondiaux de la musique, Universal et Sony s’associent au sein de Duet, une joint-venture chargée de distribuer leurs catalogues en ligne. Duet regroupe ainsi pas moins de la moitié de la musique mondiale. « Notre position n’est pas défensive, mais offensive », souligne J6M, pour employer le surnom que le patron de quelques 250 000 employés a repris à son compte (J6M pour « Jean-Marie Messier moi-même maître du monde »). La technologie employée sera propriétaire : le format BlueMatter (voir édition du 11 janvier 2001). Dans l’interview accordée à La Tribune, Jean-Marie Messier insiste sur la « capacité [des deux Majors] à signer des accords avec des distributeurs en ligne ».
Messier ne veut pas d’alliance avec Napster
Interrogé sur la question de Napster, le patron de Vivendi Universal reste prudent, soulignant qu’aucun accord n’est envisageable tant que le système ne satisfait pas au respect des droits d’auteur. « On a beaucoup décrit une alliance avec Napster comme la seule possible, mais je ne comprends pas pourquoi il faudrait donner l’avantage aux pirates », lance-t-il, avant d’ajouter : « Il y a d’autres discussions plus avancées avec d’autres partenaires. » Duet entend travailler avec « le maximum de plates-formes ». MP3.com en fait partie, « mais elle n’est pas la seule », prévient J6M. Sony puis Universal avaient finalement trouvé des accords avec le site qu’ils poursuivaient en justice (voir édition du 15 novembre 2000). Ces plates-formes de distribution seront rémunérées « mais certainement pas sur la base des 40 % avancés par Napster qui nous paraissent fantaisistement hauts », prévient Jean-Marie Messier qui ne fait « pas de différence entre un réseau de magasins comme la Fnac ou Virgin et un site comme MP3 ou demain un AOL, un Yahoo ou un MSN. »
La veille de cette interview, Edgar Bronfman, vice-président de Vivendi Universal, avait affirmé sur CNBC : « Mon point de vue est que tous les labels s’associeront et offriront de la musique sur un même site. » A La Tribune, Jean-Marie Messier a affirmé que « personne ne peut se lancer dans la musique en ligne sans le numéro 1 et le numéro 2 dans le monde ». Napster n’a qu’à bien se tenir !
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