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Usages TIC et enfance (3) : Les logiciels de filtrage servent-ils à quelque chose ?

Les logiciels de contrôle parental proposés gratuitement par les FAI (fournisseurs d’accès à Internet) sont encore loin d’être fiables à 100 %. Cependant, même si ces outils sont encore décevants, il faut prendre l’habitude de les utiliser. Il faut avoir acquis ce réflexe pour le jour où ces technologies seront au point.

Depuis mai 2006, les FAI doivent proposer à leurs abonnés des logiciels de contrôle parental gratuits. Ces outils sont censés protéger les mineurs des images pornographiques et ultraviolentes, des sites invitant à consommer de la drogue et autres jeux d’argent en ligne…

Mais ces outils sont d’une valeur très inégale, comme le montrent les tests réalisés par la Délégation aux usages de l’Internet en partenariat avec l’association E-enfance (www.e-enfance.org). Par exemple, il y a encore quelques mois, 27 % des sites normalement « interdits » aux adolescents passaient entre les mailles du filet. Ce taux d’échec dépassait même les 50 % pour tout ce qui touchait à la drogue et à la violence.

Certes, la gratuité de ces logiciels constitue une nette avancée. Mais en pratique, cela ne change pas grand-chose pour les parents et les éducateurs qui doivent encadrer des adolescents : impossible de laisser ces derniers seuls sur Internet. Il est vrai que la protection des enfants sur Internet est un problème extrêmement complexe, d’un point de vue technologique, mais aussi politique…

« Lorsqu’il y a quatre ans, nous avons attiré l’attention des pouvoirs publics sur ce problème, on nous a traités de ligue de vertu », rappelait en 2006 Jean-Pierre Quignaux, alors chargé de mission « Médias, nouvelles technologies et politiques familiale » à l’Unaf (Union nationale des associations familiales).

Il a fallu attendre septembre 2005 pour que le sujet soit abordé dans le cadre de la conférence de la famille, qui rassemble chaque année toutes les instances impliquées dans la politique familiale. Quelques semaines après, un accord était conclu entre le gouvernement et les FAI pour la mise à disposition de logiciels gratuits répondant à un minimum de critères. « Compte tenu du passé et des réticences des fournisseurs d’accès, on ne pouvait pas négocier plus », explique-t-on à la Délégation interministérielle à la famille.

Le cahier des charges des logiciels de filtrage stipule qu’un abonné doit pouvoir établir trois profils de connexion : adulte, enfant et adolescent. Pour les adultes, aucune protection n’est activée. Les « enfants », eux, ne doivent pouvoir naviguer que parmi un nombre restreint de sites dont on est certain qu’ils sont adaptés à leur âge. C’est ce que l’on appelle une « liste blanche », assez facile, en apparence, à réaliser. Mais même à ce niveau, les systèmes de protection ont des failles.

« Beaucoup de sites référencés dans les listes blanches contiennent de la publicité », constate Olivier Gérard, coordinateur du pôle Médias et nouvelles technologies à l’Unaf. Une défiance confirmée à la DUI (Délégation aux usages de l’Internet), la structure administrative chargée de promouvoir Internet auprès du grand public, et qui a constitué un groupe de travail « listes blanches ».

« Ces listes laissent passer des choses qui ne devraient pas y être, prévient Yves Laborey, chef de projet Protection des mineurs à la DUI. Une liste blanche doit être parfaitement sécurisée et en particulier, par principe, ne doit comporter aucun accès à des chats ou à des forums de discussion. De plus, pour être représentative du Web, une liste blanche devrait comporter au moins 7 000 sites, soit des centaines de milliers de liens à vérifier régulièrement. Pour l’instant, la meilleure liste blanche que je connaisse est celle éditée par Xooloo et utilisée par Numericable. »

Les choses se compliquent encore avec les « adolescents ». Leur protection repose sur le principe de la « liste noire » : on essaie d’identifier au préalable le maximum de sites dangereux et l’on en interdit l’accès lorsque l’internaute veut les visiter. En France, la plus complète de ces listes est celle « de Toulouse », tenue par le centre informatique de l’université de Toulouse 1. « Elle comporte quelque 800 000 sites ou noms de domaines dans toutes les langues », détaille Fabrice Prigent, à l’origine de ce projet.

Un robot parcourt constamment le Web et fait une analyse textuelle des sites qu’il rencontre. « Par exemple, un site qui contient les termes “sein” et “cancer” a une faible probabilité d’être du X », commente Fabrice Prigent. « En revanche, la réunion de “amateur”, “femmes mûres” et “facile” a une très forte connotation pornographique. » Problème : certains sites ne contiennent que des images. « Sans texte, le robot a beaucoup plus de mal : il faut souvent une décision humaine pour faire le tri « , reconnaît Fabrice Prigent

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