Le numérique ? Il ne chamboulera pas le marché du travail autant qu’on pourrait le croire.
L’Apec (Association pour l’emploi) dresse ce constat dans son rapport annuel 2018-2019.
Elle appuie son propos de multiples études (ANDRH, BPI Group, France Digitale…) et de commentaires de professionnels (chefs d’entreprise, sociologues, psychologues du travail…).
Ses perspectives à l’horizon 2030 invitent « nuancer les projections volontiers alarmistes ». Celle de PwC est donnée en exemple : un tiers des emplois seraient exposés à une automatisation massive, selon le cabinet américain.
Plusieurs éléments rendent l’impact des mutations technologiques « particulièrement difficile à évaluer ». Entre autres, le contexte réglementaire conditionnant le déploiement de ces innovations, la contrainte environnementale et la capacité d’adaptation continue des outils productifs.
D’après l’Apec, les métiers ne vont pas changer tant dans leurs dénominations et nomenclatures que dans leur exercice. Les compétences nécessaires à leur exécution quotidienne connaîtront en l’occurrence des évolutions et des élargissements potentiellement sans précédent.
On parle bien d’évolution plutôt que de création de compétences. Ces dernières deviendront plus transversales, avec un accent sur les capacités comportementales, entre management d’équipe, gestion de projet, approche systémique et savoir-être.
Les offres d’emploi publiées sur apec.fr témoignent de ce phénomène. Les compétences techniques sont de plus en plus associées à des compétences transversales susceptibles d’être mises en œuvre sur différents types de postes.
60 % des employeurs interrogés par Pôle emploi estiment par ailleurs que les compétences comportementales sont plus importantes que les compétences techniques.
Et les salariés dans tout ça ? Pour eux, l’apport du numérique est loin d’être systématiquement évident. La charge de travail est parfois démultipliée par des cascades d’e-mails, tandis que les outils collaboratifs peinent à faire culture commune.
L’adoption des ces outils « au nom de l’innovation » – sans en avoir discuté ni les avoir expérimentées en interne, avec un cadre de confiance et des règles d’action communes – n’y est pas étrangère.
L’Apec se montre en outre dubitative à l’égard des formats MOOC, « trop scolaires et peu accessibles pour fédérer à grande échelle ». D’autant plus dans un contexte où les besoins « portent de moins en moins sur des acquisitions de savoirs génériques et de plus en plus sur la capacité à évoluer dans son métier ».
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